Annales des Mines (1876, série 7, volume 10)
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LOCOMOTIVE A ADHÉRENCE TOTALE
déformation de la bielle de transmission ; il ne nous reste donc que le premier moyen examiné, celui qui repose sur un jeu convenable des articulations et dont il faudra favo-
riser l'action pour éviter de recourir à d'autres moyens beaucoup plus compromettants. Il faut remarquer, du reste, avec M. Rarchaert, que les articulations ou ajustages des pièces présentent toujours un petit jeu, quelques soins que l'on prenne pour l'éviter; or cinq jeux différents peuvent concourir du côté de chaque truck à racheter l'écart résultant de l'incompatibilité géométrique qu'offrent les liaisons quand la voie présente des petites dénivellations, savoir 10 Un jeu à l'ajustage de la cheville-ouvrière dans sa crapaudine ; 2.° Un jeu dans les 'coussinets extrêmes de l'essieu coudé du truck ; 5° Un jeu dans le coussinet du coude de cet essieu; 4° Un jeu dans l'articulation du coude du faux essieu avec la bielle de transmission; 50 Un jeu à l'ajustage du coussinet de ce faux essieu entre ses plaques de garde portées par les longerons principaux.
En supposant 2/10 seulement de millimètre à chaque
jeu, on gagnerait 0,001 ; une légère déformation des pièces viendrait comme appoint, et l'on comprend que la machine ait pu, sans souffrir, dans un service régulier et prolongé, franchir des dénivellations des rails comme celles que nous avons examinées, dénivellations qui sont accidentelles en général et auxquelles nous avons d'ailleurs, dans
nos exemples, attribué des valeurs tout à fait excessives, ainsi que nous l'expliquerons plus loin. Du reste, il n'y a pas de machine où les pièces assemblées pour former un ensemble rigide ne subissent des déformations sensibles; par exemple, dans beaucoup de locomotives ordinaires de nos grandes lignes, les trois essieux sont accouplés sans
ET A ESSIEUX CONVERGENTS DE M. RARCHAERT.
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même qu'aucun d'eux ait un jeu dans le sens de la longueur, et, quand ces locomotives franchissent des courbes un peu raides, les longerons sont fléchis, etc. On peut donc
compter, dans une certaine mesure et au moins comme appoint, sur de légères déformations des pièces assemblées pour parer aux incompatibilités que présentent les liaisons dans la machine Rarchaert, comme dans toutes les autres. J'ai, du reste, indiqué qu'il était possible de ménager sans inconvénient, dans l'articulation du faux essieu avec la bielle. de transmission, un jeu exceptionnel qui fournirait à peu près à lui seul les ressources nécessaires. Avant d'aller plus loin, il convient de consigner ici quelques observations pour mettre à l'abri de toute critique les théories que nous venons d'exposer.
On sait que dans les machines ordinaires à six roues couplées, les deux bielles d'accouplement sont brisées près
de l'essieu du milieu. La raison de cette disposition est facile à comprendre.
Si, en effet, une bielle n'était pas brisée et ne formait qu'une seule pièce rigide, elle fonctionnerait comme un levier droit recevant en son milieu des efforts à peu près constants et toujours tangents à la circonférence décrite par le bouton de la manivelle de l'essieu médian, que nous supposons être l'essieu moteur, c'est-à-dire celui sur lequel agissent les bielles des pistons ; ces efforts se reporteraient par moitié et avec la même direction aux extrémités de la bielle ; c'est-à-dire tangentiellement aux circonférences décrites par ces extrémités. On aurait donc de chaque côté de la machine, comme avec la bielle de M. Rarchaert,
une transmission constante et régulière des efforts reçus par l'essieu moteur ; mais cette disposition aurait de graves inconvénients. Je ne parle pas de la nécessité où l'on serait de donner aux bielles non brisées un plus fort équarrissage, parce qu'elles tendraient à fléchir sous l'action des efforts
qui leur seraient appliqués à leurs extrémités et en leur