Annales des Mines (1906, série 10, volume 10)
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la masse même des alluvions et des terres aurifères. En bien des endroits, il y en a des dépôts énormes, capables de suffire pendant de longues années à une consommai ion de plusieurs centaines de mille mètres cubes par an. La teneur moyenne est sans doute basse, en général ; des études approfondies sont indispensables, tant pour déterminer cette teneur que pour se rendre compte des procédés de manipulation les plus économiques et les mieux appropriés, carie secret de la réussite est là. Mais il y a tout lieu de penser que ces études donneront en général des résultats satisfaisants et que nous verrons bientôt se créer à- Madagascar d'importantes entreprises de t raitement mécanique des gisements alluvionnaires. Ces entreprises pourront fort bien vivre et prospérer, même avec de faibles teneurs, parce que les conditions extérieures ne sont pas mauvaises, la main-d'œuvre ne coûte pas grand'chose, et on aura de la force motrice à bon compte à peu près partout. L'ile est, en effet, extrêmement bien arrosée; les cours d'eau y sont nombreux, souvent considérables, les chutes et les dénivellations fréquentes et d'un aménagement facile. Aussi est-on fondé à espérer que des appareils puissants et bien conçus et dos méthodes rigoureuses tireront de beaux bénéfices de ce que néglige et gaspille aujourd'hui la bâtée de l'indigène.
Gisements en place. — Ce n'est pas cependant dos alluvions que se sont préoccupés jusqu'à présent les prospecteurs de là-bas, quand ils ont pensé à assurer l'avenir. Ils. n'ont cherché que des gisements en place, des filons comme ils disent, et toute l'agitation de ces derniers temps ne s'est faite qu'à ce sujet. Car le mot de filon évoque dans l'esprit du public une idée de permanence, dans la richesse. On se représente volontiers un filon comme pouvant fournir presque indéfiniment du minera1
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riche à une exploitation ; au contraire, on sait qu'un dépôt alluvionnaire s'épuise vite. La fièvre du filon à Madagascar est , en somme, parfaitement justifiée. Le quartz est la matière essentielle des gisements en place. Or, à Madagascar, il abonde d'une façon extraordinaire. On en voit partout. Des collines en sont couvertes ; des montagnes, des chaînes entières en sont formées. Il s'en faut naturellement qu'il soit partout aurifère. Quand on constata peu à peu qu'il l'était en bien des points, des espoirs magnifiques naquirent. Certes, ilafalluen rabattre beaucoup. Mais la méfiance et le scepticisme actuels dépassent sans aucun doute la mesure. Les quelques recherches jusqu'à présent exécutées ont fourni des indications utiles. On a rencontré deux sortes de gisements en place : les uns, de teneur relativement satisfaisante, sont minces, discontinus et ne sauraient donner un tonnage sérieux; les autres sont puissants, fort étendus, mais de teneur très inégale, donc en moyenne médiocre ou même faible. Ceux-ci sont sans conteste les plus intéressants. Grâce au bon marché de la main-d'œuvre et de la force motrice, ils pourront souvent être très fructueusement exploités. On sait avec quelles invraisemblables valeurs à la tonne on réalise de solides bénéfices aux États-Unis et ailleurs avec des gîtes quartzeux considérables, très bien situés, et travaillés en grand. Il n'y a pas de raisons pour que nous n'en fassions pas autant à Madagascar. Mais il faut d'abord des études : de même lue pour les alluvions, rien -n'a été fait encore dans la voie de la reconnaissance de ces gisements en place ; on commence à peine à se douter qu'ils existent. Il est aisé de concevoir, d'après ce qui précède, pourquoi les envoyés des syndicats financiers, comme aussi les prospecteurs transvaaliens, sont revenus en disant qu'il n y avait rien à faire dans l'île. Il n'y a rien pour eux en effet : de pareils gisements ne se prêtent pas à de grandes