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NOTE SUR L'INDUSTRIE FRANÇAISE
vivement l'opinion publique pour qu'un abaissement des droits ne puisse être considéré comme une éventualité toujours possible. Les entreprises sont donc à la merci absolue d'un vote du Parlement. Nous ne croyons pas qu'on puisse retrouver un pareil degré d'instabilité dans aucune autre branche de l'industrie extractive ; la valeur très élevée des droits protecteurs, qui représentent plus de 60 p. 100 du prix des produits, crée même aux exploitations de schiste une situation exceptionnelle dans la série des diverses industries protégées. Les entreprises d'Écosse sont beaucoup plus favorisées ; la prospérité dont elles jouissent, sous un régime de libre échange, contraste singulièrement avec le malaise des exploitations de notre pays. Cette diversité de conditions se rattache à une double série de causes ; les unes, d'ordre technique, correspondent à la supériorité naturelle du schiste, dont nous avons déjà mentionné plus haut le rendement avantageux et la richesse en paraffine ; les autres sont relatives à l'organisation beaucoup plus puissante des exploitations d'Écosse. La production atteint en effet dans ce pays une intensité dont les entreprises françaises ne donnent aucune idée. L'extraction annuelle s'y élève à deux millions de tonnes, soit dix fois le chiffre correspondant de notre pays ; le plus petit établissement y compte 280 cornues, nombre trois fois supérieur à celui des trois usines réunies de la Société lyonnaise, et dépassant à lui seul celui de l'ensemble des installations françaises ; l'industrie écossaise intervient enfin pour une part très importante dans la consommation nationale (28 p. 100 pour les huiles, 55 p. 100 pour la paraffine). Une pareille intensité de production est, en fait, une nécessité dans une industrie où les dépenses de premier établissement sont si considérables, et où l'amortissement grève si lourdement le prix de revient. En France, au contraire, la dissémination a
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DES SCHISTES BITUMINEUX
longtemps été l'un des traits caractéristiques des entreprises de schiste ; le simple examen d'une carte des concessions de l'Autunois donne une idée assez nette du morcellement des premières exploitations. Toute cette organisation n'a abouti qu'à des insuccès : les petites usines ont dû peu à peu disparaître, et cela au moment même où le taux élevé des droits plaçait les producteurs dans une situation privilégiée. Aujourd'hui encore, le bassin de l'Allier, avec ses trois Sociétés distinctes et d'importance assez modeste, est loin d'accuser la prospérité de l'Autunois, où une Société puissante fournit à elle seule la moitié de la production nationale. Conditions d'avenir. — Les entreprises de schiste occupent d'ailleurs une place absolument minime dans la consommation générale de notre pays. Les statistiques du Tableau général du Commerce de la France nous ont permis d'établir les chiffres approximatifs suivants : PRODUITS
ÉTRANGERS
CONSOMMÉS EN
Huiles raffinées Huiles lourdes et résidus
FRANCE
EN
1903.
4.440.000 hectolitres 1.400.000 —
L'ensemble des établissements français a produit, d'autre part, la même année : Huiles légères Huiles lourdes et de graissage. . .
65.000 hectolitres 26.000 —
Ces quantités représentent à peine le 60 e et le 50 e de la consommation nationale. Ces proportions seraient-elles susceptibles d'augmenter dans l'avenir? En présence de chiffres aussi faibles, on serait tenté de répondre par l'affirmative, mais les exploitants formulent à ce sujet les plus expresses réserves. Les cours actuels sont en effet trop bas pour motiver un relèvement notable de la