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CIRCULAIRES.
yeux, qu'un voile transparent : quelquefois même il n'a pas besoin de voir la terre ; les productions qui la couvrent sont un indice suffisant pour fixer ses idées. En analysant l'opération qu'il exécute sur le terrain, on voit que pour faire une carte géologique il trace réellement une partie des éléments d'une carte agronomique. Beaucoup de contrées ont reçu des populations des clénomi. nations indépendantes des divisions politiques. Elles forment des divisions naturelles par l'ensemble de leurs rapports physiques ainsi que par l'aDalogie de leurs productions; leurs dénominations sont avant tout des dénominations agronomiques , et ce sont en même temps d'excellentes dénominations géologiques à cause de la relation constante qui existe entre la production agricole, le sol et le sous-sol. La Beauce, la Brie, le Gâtinais, la Sologne, le Perche, le pays de Caux, la Picardie, la Champagne pouilleuse, la Bresse, les Causses de l'Aveyron, les landes de Gascogne, la Camargue des Bouches-du-Rhône, sont des exemples frappants de ces vérités. Il est facile d'y en joindre un grand nombre d'autres qui, sans se rattacher à des dénominations locales aussi bian circonscrites, ont cependant un sens aussi précis. On pourrait facilement classer dans ces divisions naturelles plus des trois quarts de la France. Ainsi la terre végétale qui couvre le sous-sol granitique de tout le massif central de la France est constamment propre à la croissance des châtaigniers. La terre végétale qui couvre le sous-sol schisteux et granitique de la presqu'île de Bretagne est éminemment propre, tant qu'elle n'a pas été amendée par la chaux, à la production des bruyères, des genêts et du sarrasin. La grande bande de calcaire oolithique inférieur, qui forme sur la carte géologique de la France une sorte de 8, est couverte dans toute son étendue d'une terre végétale rougeâtre douée, suivant son épaisseur, d'une aptitude particulière pour la production des céréales et pour celle des forêts. Le calcaire à gryphées arquées est couvert aussi, dans toute la France, d'une terre grise dont les propriétés sont différentes. Les terres sablonneuses et les sables qui couvrent les grès rouges des Vosges, et le grès des Vosges proprement dit, ne produisent avec facilité que des forêts, des pommes de terre et un peu de seigle.
CIRCULAIRES.
La terre argileuse peu épaisse qui, sous le nombre d'agaise, couvre les schistes des Ardennes est un des sols les plus infertiles. Les alluvions qui occupent les parties basses de la Flandre présentent, au contraire, une terre Arégétale épaisse où presque toutes les cultures prospèrent à l'envi l'une de l'autre. Ces remarques générales pourraient paraître un peu vagues aux personnes qui n'auraient pas l'habitude d'en faire l'application sur le terrain en tenant compte à la fois des moissons que porte le sol, de la nature de la terre qui le compose et de celle des carrières qui y sont ouvertes. Elles prendront à leurs yeux une précision de plus en plus grande, à mesure qu'elles en feront des applications locales, et ces applications sont un des objets les plus essentiels des cartes agronomiques. On conçoit d'après ces remarques qu'une carte agronomique, corollaire, comme nous l'avons déjà dit, de la carte géologique d'une contrée, se divisera en un certain nombre de compartiments dont chacun sera homogène au point de vue agronomique, en ce qu'il présentera le même sol et le même sous-sol. Cette division du sol ne sera pas un cadastre dans le sens ordinaire du mot. La valeur du sol ne sera pas la même dans toute l'étendue du compartiment, parce que la fertilité y sera inégale; mais, quoique inégale, la fertilité y sera partout de même nature, susceptible des mêmes productions et des mêmes amendements. Le nombre des compartiments homogènes dans lesquels la carte agronomique divisera le sol d'un département ne sera pas le même que celui des compartiments de la carte géologique : i" parce qu'il arrive quelquefois, quoique rarement, que la terre végétale varie sur un même sous-sol, ce qui peut conduire à diviser un même compartiment géologique en un, deux, ou plusieurs compartiments agronomiques ; 2" Parce que la seule différence de hauteur, le sol et le soussol restant les mêmes, peut rendre très-différents pour l'agriculture des terrains semblables du reste, ce qui introduit un nouveau principe de division ; 5" Parce que la géologie considère quelquefois dans le sol des compartiments très-petits correspondant, par exemple, à des masses éruptives dont l'influence n'est pas assez étendue pour donner lieu à une terre végétale particulière, et se confond
