Annales des Mines (1849, série 4, volume 16)
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SUR LES DUS
soufflent les vents d'Ouest, qui dominent dans ces parages et sont souvent d'une grande violence, ils
entraînent les sables qui, trouvant sur le rivage une inclinaison plus forte, ou tout autre obstacle, s'y déposent en amas irréguliers. Incessamment poussés par la même action de nouveaux grains arrivent qui gravissent les déclivités de ces amas et augmentent successivement leur hauteur et leur base. Les sables que l'impulsion du vent a portés jusqu'au sommet des monticules s'y trouvent dans un équilibre instable, et ils tendent sans
259 Le caractère principal du relief de dunes envoie DU GOLGE DE GASCOGNE.
de formation ou d'accroissement, c'est qu'elles présentent du côté de la mer des surfaces à pentes
douces et légèrement concaves, tandis que les versants qui regardent la terre sont terminés par des talus abruptes, résultant de l'éboulement des sables.
La mobilité est encore un caractère essentiel, et tant que la végétation n'a pas fixé le sol, les dunes sont incessamment modifiées par l'action du vent. Aussi des ouragans font successivement
cesse à être précipités sur l'autre versant , où ils se déposent en talus. Cette tendance est d'autant plus
écrouler leurs sommets et remonter les sables
forte que le sommet est plus élevé, et telle est la principale cause qui limite la hauteur. C'est ainsi que se sont formées les dunes, et lorsque les vents d'Ouest soufflent avec force, l'on ne peut parcourir le littoral de la Gascogne sans
même temps qu'elle abandonne son ancienne place, les sables rejetés par la mer viennent au même lieu former une nouvelle dune, qu'une
être,. à fréquentes reprises, témoin de la production de ce phénomène. Si les vents rapides n'affectaient pas une direction
dominante, l'effet qu'un courant d'air aurait produit, tel autre courant de sens contraire viendrait le détruire : sur le littoral de la Garonne, par exemple, les vents d'Est rejetteraient dans la mer les sables que les vents d'Ouest auraient poussés sur la plage. Mais les derniers sont les seuls qui soufflent avec violence sur cette côte : ils y produisent les tempêtes et dominent pendant la mauvaise saison. De là vient la grande tendance des dunes à se fbrmer sur ce littoral, tandis que sur d'autres plages basses et sableuses le phénomène n'a pas lieu, ou ne se ma-
nifeste que sur une bien moindre échelle (I). (1) Tel est le cas du littoral du golfe du Lion, dans la
accumulés sur les pentes douces, de sorte que la colline se transporte en réalité tout entière. En
vallée longitudinale sépare de la précédente. Ce sont donc à vrai dire de grandes vagues de sable qui se sont successivement avancées dans l'in-
térieur des terres. Telle est l'impression dominante qui résulte de l'aspect d'une chaîne de dunes, et du haut d'un de leurs sommets, par un temps calme, l'on domine
une sorte de mer, dont les vagues gigantesques semblent s'être brusquement pétrifiées. La plus grande partie de la chaîne est compléMéditerranée. Des plages basses se développent sur une longue étendue de côtes, le sol est composé de sables et les vents du Midi soufflent maintes fois avec violence, mais la tendance qu'ils auraient à former des dunes est neutralisée par l'action des vents dits de mistral, et il ne se forme d'accumulation de sables que dans de rares localités abritées contre ces derniers vents.