Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1850, série 4, volume 17)

t 8.2

SAUVETAGE DE DEUX OUVRIERS

ENGLOUTIS DANS UNE MARNIÈRE.

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pour prendre la place de celui qui n'avait pas encore fini son temps, M. Gosselin s'était fait des-

rendîmes au puits : M. Gosselin

cendre pour travailler lui-même en attendant

et je recommençai à espérer que nous n'aurions aucune interruption, car aussitôt que le maître manieur s'était dit malade', les autres ouvriers

qu'un autre ouvrier pût le remplacer. Cet acte de la pat t de M. Gosselin est d'autant plus louable qu'il est encore boiteux des sui tes d'une

chute faite dernièrement en dirigeant les travaux des carrières de Fécamp. Il ne me restait plus alors que deux piqueurs sur quatre. itle crus un moment alors qu'aucun d'eux ne vou-

drait désormais travailler, et je ne m'expliquais que difficilement une pareille panique quand j'ap-

pris qu'une.sotte histoire courait le pays, disant que pendant une messe célébrée dans une commune voisine, pour le succès de notre entreprise, les cierges s'étaient éteints, et que cela prouvait que nos hommes étaient morts. La peur, causée par l'état mouvant du terrain que nous traversions, agissant d'accord avec une superstition que M. le curé de Saint-Vincent s'était vainement efforcé de combattre, les ouvriers étaient persuadés que s'ils continuaient le travail ces deux morts viendraient les tirer par les pieds et les engloutir avec eux. Je leur dis ce que venait de faire M. Gosselin, et- les suppliai de consentir à le relever, chacun une fois au moins, pour me donner le temps d'en-. voyer chercher d'autres ouvriers qui se. borneraient à les aider s'ils voulaient continuer àiravailler, ou

qui les remplaceraient tout à fait s'ils étaient décidés à abandonner leurs camarades. L'un'd'eux, Séraphin Leberquier, répondit sans hésiter qu'il n'avait pas songé à quitter la place et qu'il était prêt à descendre. Stanislas Leberquier dit alors qu'il relèverait son frère et qu'ils travailleraient à eux deux toute la nuit s'il le fallait. Nous nous

,

qui avait tra-

vaillé aussi fort qu'un simple ouvrier, fut remplacé,

exprimant le désir de faire des relais moins longs, j'avais expédié mes deux gendarmes à cheval, l'un auprès de M. le juge de paix, avec une lettre pour lui demander des piqueurs, et l'autre à divers en' droits jusqu'auprès dé Bolbec, aux adresses que je savais déjà. Pendant ce temps M. Vaudry avait eu la com-

plaisance de faire préparer une voiture dans laquelle monta M. Gosselin-, avec ordre d'aller à Saint-Romain requérir s'il le fallait, avec l'aide de M. le juge de paix, des moyens de transport pour se rendre à Fécamp, et de me ramener sans désemparer les deux meilleurs ouvriers de notre chantier des carrières. La distance de Saint-Vincent à Fécamp est de n8 kilomètres ; mais M. Gosselin, parti de SaintVincent 'à 8 heures du soir le 6, fit une telle dili-

gence, que le 7, à 5 heures du matin, il était de retour avec ses hommes. Dans cet intervalle, trois piqueurs que les gen-

darmes avaient trouvés à grande peine, par une pluie affreuse, étaient arrivés; le premier à onze heures du soir, et les deux autres à une heure. L'atelier avait été réorganisé sans suspension dans les travaux, les deux rrères Leberquier ayant travaillé pendant tout le temps nécessaire avec une

ardeur plus que suffisante poilr faire oublier un

instant dé découragement de la part de l'un d'eux.

Le 7, entre deux et trois heures du matin , me