Annales des Mines (1850, série 4, volume 18)
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GISEMENT ET FORMATION
Revenons maintenant aux minerais de man1/0,,èëhe. ganèse , et disons quelques mots de la mine de
Mine de manganèse de
Romanèche.
On connaît ce gîte par la description qu'en a donnée M. de Bonnard. On sait qu'il se compose de deux parties : d'un petit filon presque vertical dans le granite , et d'un puissant amas, voisin de ce filon, couché sur la surface extérieure du granite et plongeant sous une argile verdâtre appartenant au terrain secondaire. L'amas renferme, outre le minerai de manga nèse, de nombreux rognons d'argile brune et de silex corné (jaspes), de plus des fragments presque toujours rosâtres de feldspath changé en kao-
lin (sans doute une substance analogue à l'halloysite). L'abondance de ces matières étrangères est telle qu'en réalité l'amas est une véritable brèche à pâte
de minerai de manganèse.
Le manganèse lui-même est concrétionné et parsemé de spath fluor et de quartz. Il contient en outre 13 à 17 p. ioo de baryte combinée. Le granite, au mur de l'amas, se trouve altéré et transformé en une masse argileuse que M. de Bonnard appelle mimophire. C'est une roche d'apparence porphyroïde, composée d'une pâte d'argilolithe , avec grains de quartz et de feldspath. Le granite est également altéré dans le voisinage
du filon, et le toit immédiat est formé par une roche de quartz, à pâte d'arg,ilolithe, qui ressemble
au mimophire , sur lequel repose le minerai du grand amas. Enfin le granite, entre les deux gîtes, est parsemé de veinules de manganèse. M. deBonnard suppose que l'amas est le résultat
DES MINERAIS DE MANGANÈSE DES PYRÉNÉES. 99
d'un épanchement par le petit filon, et M. Fournet Les minerais de se admet que le manganèse est une masse éruptive. Romanche sont formes de Ce savant se fonde sur la présence des jaspes qu'il la m(me manièque ceux de considère comme provenant de la fusion des gra- re Nontron. nites encaissants. Mais ne voit-on pas, par la des-
cription précédente, presque textuellement extraite du mémoire de M. de Bonnard, que ce gîte est semblable à ceux de Nontron et de Thiviers, et que les uns et les autres ont dû être formés de la même manière? Or s'il est impossible que les jaspes à fossiles du terrain secondaire des bords
du Limousin soient un produit igné, il n'est guère probable que les jaspes de Romanèche puissent l'être davantage; et si ces derniers résultaient de la fusion des granites encaissants, on ne comprendrait pas comment les rognons d'argile, disséminés au milieu du gîte et même traversés de veinules de manganèse, n'ont pas été transformés aussi en silicates à base de manganèse et d'alumine. L'existence même de silicates de manganèse, clans les fragments kaoliniques roses ou dans les jaspes, 'ne saurait être invoquée en faveur d'une production ignée, puisque l'halloysite et la nontronite de la Dordogne sont évidemment des silicates formés par voie humide, aussi bien que le fer agathisé de la Voulte et de Privas. Si le manganèse de Romanèche avait fait éruption à l'état fondu , comment la baryte ne se serait-elle pas combinée avec la silice?
Le rnimophire de M. de Bonnard représente d'ailleurs très-bien le genre d'altération que doit produire, sur une roche feldspathique, un dégagement prolongé d'acide carbonique. Les bases fortes sont enlevées et il reste un simple silicate hydraté d'alumine mêlé de quartz. Il est , au reste,