Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1850, série 4, volume 18)

SERPENTINE

DES VOSGES.

position des autres serpentines communes : les

fonctionne régulièrement depuis plus de dix ans. Si on traitait la serpentine à l'état naturel par un acide, la plus grande partie de son oxyde de fer et un peu de silice s'y dissoudraient; aussi M. Tocquaine commence-t-il par calciner fortement la serpentine clans un four à réverbère contenant en-

344

différences que présentent les nombreuses variétés

de la serpentine commune, sont donc beaucoup plus apparentes que réelles, et on doit même regarder la serpentine comme une des roches dont la composition chimique est la plus constante. L'analogie qui avait porté les anciens minéralogistes à regarder la pâte du mélaphyre et du basalte comme du pyroxène, leur fit admettre que la serpentine était du diallage compacte parce qu'elle contient quelquefois des cristaux de ce minéral. Cette hypothèse, abandonnée depuis longtemps, tomba dès qu'on connut des analyses de la serpentine; mais les analyses qui précèdent montrent combien la serpentine commune diffère peu de la serpentine noble qui y forme comme le diallage des veinules et des filons. En effet, en tenant compte de ce que du fer chrômé ou oxydulé , de la chaux carbonatée, du diallage ,du grenat etdela chlorite

peuvent être mélangés avec elle, on voit qu'elle

contient seulement une plus grande quantité

Usages de la serpentine.

Fabrication du sulfate de magnésie.

d'oxyde de fer; ce dernier est sans doute à l'état de protoxyde isomorphe de la magnésie, et, ainsi que cela a été admis par M. Schéerer, la serpentine commune et la serpentine noble paraissent pouvoir être représentées par la même formule, qui est aussi celle du chrysotil. La serpentine étant un véritable minerai de magnésie qui en renferme près de 2/5 de son

poids et qui est facilement attaquable par les acides, il était naturel de chercher à l'employer pour la fabrication des sels à base de magnésie c'est ce que MM. Simonin et Tocquaine ont, les premiers en Fiance, réalisé avec beaucoup de succès, et ils ont établi à Remiremont une usine qui

345

viron 2.500 kilogrammes, dans lequel elle est

maintenue au rouge blanc pendant quarante-huit heures. Après cette calcination la serpentine se laisse pulvériser, ce qui permet alors à l'acide de l'attaquer facilement; elle est broyée sous des meules et réduite en poudre ténue, sur laquelle on verse de l'acide sulfurique faible en quantité moindre que celle qui est nécessaire pour transformer toute la magnésie de la serpentine en sulfate neutre. Cet acide se combine immédiatement avec la magnésie, et il y a dégagement de chaleur; le mélange qui forme une pâte est malaxé, puis lessivé dans des cuves en bois, de forme conique et à double fond. La calcination de la serpentine a rendu l'oxyde de fer et la silice difficilement solubles, cependant il s'en dissout toujours un peu dans l'acide sulfurique; en conséquence, on traite les eaux de lessivage par un lait de chaux en quantité suffisante pour précipiter l'oxyde de fer, la silice et l'alumine qui sont entrés en dissolution. Il n'y a, d'ailleurs, que très-peu de sulfate de chaux provenant de la serpentine ; car la chaux qu'elle contient se trouve, soit dans le grenat qui est difficilement attaquable, soit dans le carbonate de chaux qui a été trié préalablement. Les eaux-mèressontréunies dans des cristallisoirs,

et, après deux cristallisations consécutives, elles donnent du sulfate de magnésie parfaitement pur. Tome XVIII, 185o. 23