Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1851, série 4, volume 19)

186

GÉOLOGIE

sance soulevante a concentré tous ses efforts , les pentes sont abruptes et se .transforment quelquefois en escarpements verticaux d'une hauteur prodigieuse; .les montagnes paraissent entassées ConftiSérnétit les unes sur les autres; des chaînes accessoires, séparées ',Par des ravins où leS eaux n'ont fait qu'élargir de grandes fentes: natnrelles , se croisent dans toutes les directions , et la première impression que reçoit le voyageur est celle d'une confusion inextricable au sein de laquelle il chercherait en vain des traces de l'état primitifdu sol chilien. Les terrains stratifiés, en effet, ont entièrement disparu du Nord au Sud, depuis le désert d'Atacama jusqu'à Valdivia , sur une largeur moyenne d'à peu près 15 lieues. lis sontFofondément métamorphisés, ou même entièrement re+ fondus par le contact des masses énormes de roches granitoïdes qui, depuis la mer jusqu'à une distance, comme je viens de le dire, d'à peu près 15 lieues, forment une succession de montagnes aux croupes arrondies. Quant à ceux qui se redressent sur les flancs des Andes, ils sont aussi métamorphisés par des roches éruptives, souvent granitiques, qui apparaissent fréquemment au jour et modifient de mille manières leur structure et leur inclinaison.

Les couches argileuses, qui sans doute consti-

tuaient presque .exclusivement ces terrains stratifiés, se sont transformées en porphyres de toutes nuances et de la composition la plus variée, alternant dans quelques points avec des couches de quartz compacte, où cette même diversité de couleur se fait encore remarquer. Excepté dans le Nord, où elles forment des assises puissantes et des montagnes entières les couches calcaires sont rares et les restes organiques y sont peu abondants

DU CHILI.

187

ou 'banquent même eomplétemen t. Enfin (et ce fait ne se présente pas souvent), quand le terrain stratifié apparaît loin de toute roche éruptive, en couches sensiblement horizontales ou faiblement inclinées, les nombreux filons métalliques ou pierreux qui le traversent et s'y ramifient dans toutes les directions prouvent que là , pas plus qu'ailleurs, il n'a échappé à l'action modifiante des forces intérieures

de notre planète. Seulement alors, on peut constater que la puissance de ce terrain était considérable, et prendre ainsi une idée approximative de l'influence qu'ont dû exercer sur la forme actuelle des montagnes, le glissement .de ces masses énormes et leur brusque séparation aux époques de soulèvement. Les nombreux volcans en activité, dont les pics couverts de neige s'élèvent de distance en distance au-dessus de la ligne de faite des Cordillères, les

tremblements de terre qui ébranlent si fréquemment le sol du Chili, et qui renversent quelquefois des villes entières ; le soulèvement lent de toute la côte (1), sotilèv?,ment qui a sans doute alterné avec des abaissements par suite desquels les couches de lignites des environs de Concepei9n se sont trouvées recouvertes par des couches puissantes de grès, et qui enfin, comme semblent le prouver les failles

de ce même terrain de lignites, a dû s'effectuer

quelquefois d'une manière brusque, peut-être pendant de violents tremblements de terre ; tous ces (i) L'on rencontre à chaque instant des preuves évidentes de ce fait, telles que des bancs de coquilles blanchies ( dont les espèces vivent actuellement dans la mer), à plus de 2o mètres au-dessus de son niveau actuel, et d'anciens récifs d'une grande étendue à une demi-lieue dans l'intérieur des terres.