Annales des Mines (1853, série 5, volume 3)
Page : Image 304
Révision de 27 janv. 2015 21:32:00, edited by Anonymes
594
MÉTHODE NOUVELLE
duits liquides de la carbonisation, qui n'ont dans les forêts aucun emploi, peuvent recevoir dans un grand centre d'industrie une application utile. Enfin, la consom-
mation de combustible à laquelle donne lieu dans les forêts la dessiccation préalable du bois, dans la période qui précède la carbonisation proprement dite, peut être évitée dans une forge pourvue d'appareils, au moyen desquels cette dessiccation est opérée sans frais (12). Par
tous ces motifs, la carbonisation sera exécutée dans l'usine plus avantageusement qu'elle ne le serait sur le lieu où le bois a été abattu : le déchet y sera moindre, et les frais de main-d'oeuvre seront notablement réduits. La production journalière de charbon pouvant être réglée à raison des besoins, on se trouvera dispensé de la nécessité de construire des halles pour la conservation de ce combustible, ainsi qu'il est indispensable de le faire dans les régïons tempérées et Méridionales de
l'Europe, où les hivers sont pluvieux et où les transports ne peuvent être exécutés qu' à 'certaines époques de peu de durée. La préparation du charbon de bois dans l'enceinte d'une usine, placée elle-même sur le cours d'eau flottable, au point le plus rapproché des meilleurs gîtes ferrifères, permettra de réunir, ainsi qu'on le fait dans les grandes usines à la houille, la fusion des minerais et la conversion de la fonte en fer forgé ; on se trouvera donc dispensé des charges et des frais de transport qu' entraîne dans la majeure partie des usines au bois la multiplicité des établissements. Les fers de choix seront fabriqués au charbon de bois et au marteau par la méthode connue dans chaque localité pour donner les meilleurs produits ; à cet égard, ainsi
qu'on l'indiquera ci-après, il n'y aura guère à innover d'abord, que dans l'établissement dés appareils tnéca
POUR LA FABRICATION DU FER.
595
niques, où l'on devra remplacer souvent la force de l'eau par celle de la vapeur. Enfin, on aura recours également aux méthodes mixtes de fabrication qui sont suivies avec tant de succès en France dans plusieurs forges de la Franche-Comté,
de la Lorraine, du Berri, de la Champagne et des houillères du Nord, de même qu'en Grande-Bretagne, dans le Staffordshire, le Shropshire, le Yorkshire et le sud du pays de Galles. Au milieu d'une multitude de nuances, ces méthodes se distinguent toutes à des caractères communs : la fonte est d'abord affinée au moyen
du charbon de bois dans de bas foyers à tuyère, et le fer malléable, dès qu'il a pris nature au contact de ce combustible, reçoit un premier forgeage au marteau. On le façonne ensuite sous la forme qu'il doit garder, par les combinaisons économiques résultant de l'emploi combiné des laminoirs et des fours à flamme alimentés
par le charbon de terre. Dans l'usine qu'il s'agit d'établir, cette élaboration complémentaire sera donnée dans des fours à gaz consommant du ligneux. Telles sont les conditions principales que doit rem-
plir le nouveau type d'usines à fer qu'il s'agit de créer pour donner aux forêts les moyens de lutter avec succès contre les mines de charbon de terre. J'ai cherché à re-
présenter sur les Pl. VIII , IX et X l'une des dispositions à l'aide desquelles il me semble qu'on peut le mieux le sréaliser.
Les bois sont d'abord arrêtés sur le cours d'eau flottable , en amont de l'emplacement où l'usine doit être
établie ; on emploie à cet effet l'un des systèmes ingénieux de barrage qu'on sait établir avec convenance et économie dans toutes les contrées de l'Europe. A partir de ce point d'arrêt, on amène le bois par des canaux à faible pente jusqu'aux dépôts situés à un niveau assez