Annales des Mines (1853, série 5, volume 4)
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d'irrigation.
BUT ET MOYENS D'EXÉCUTION
La pratique de l'irrigation est en général peu avancée. en France. Les cartes agronomiques serviront puissam-
ment à la répandre, si, indépendamment des canaux d'arrosage déjà existants, elles offrent le tracé approximatif de tous ceux dont l'exécution serait avantageuse.
On rencontre dans beaucoup de lieux, surtout dans les pays de montagnes, nombre de petits cours d'eau qui ne sont pas utilisés pour l'agriculture, par suite de l'insouciance et de la routine si fréquentes chez les habitants de la campagne. Personne ne s'étant avisé d'arroser dans un canton, c'est une raison pour que cette opération soit regardée comme impossible ou inutile.
Le tracé d'un projet de canal sur une carte agronomique doit finir tôt ou tard par triompher de cette apathie, en attirant l'attention des autorités locales et des propriétaires intéressés. On examinera de près la possibilité et les avantages de l'entreprise, et bien souvent cet examen entraînera son exécution.
Dans certaines localités où il n'y a que des cours d'eau trop peu abondants pour servir directement à l'arrosage, on peut quelquefois, en barrant les vallées sur les points où elles sont étranglées, construire des réservoirs plus ou moins spacieux dont les eaux sont ensuite utilisées à l'époque des sécheresses. Il existe dans le département de Vaucluse, sur la commune de Caromb , près de Carpentras, un réservoir de ce genre qui rend de grands services (1). On pourrait en établir de pareils sur d'autres points des Alpes et dans la plu(i) Ce réservoir, connu dans le pays sous le nom d'Écluse de Carromb, a été créé au moyen d'un barrage en maçonnerie
qui forme l'entrée très-étroite d'un petit vallon où coule le ruisseau nommé Lauron. Le barrage n'a pas moins de 5o mètres
de hauteur et de 8 mètres d'épaisseur. Sa longueur, nui n'est que de quelques mètres à la base, atteint 80 mètres à sa partie
DES CARTES AGRONOMIQUES.
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part des pays montagneux. En joignant l'indication des vallées susceptibles d'être barrées au tracé des canaux d'irrigation reconnus possibles, il est évident que l'on réunira un ensemble de renseignements très-utiles pour répandre la pratique de l'arrosage. Par l'irrigation on donne à la terre l'humidité qui lui manque ; par le drainage on lui enlève celle qu'elle a en excès. Cette opération est donc inverse de la première, et l'expérience a prouvé qu'elle n'était pas moins importante. On doit distinguer deux espèces de terres auxquelles le drainage peut être appliqué avec avantage. Chez les unes l'humidité est superficielle et apparente ; elle est habituelle, sauf en temps de grande sécheresse. Cela
est dû en général à ce que la surface du sol manque d'écoulement. Les terrains marécageux et la plupart des terres humifères appartiennent à cette catégorie. Chez les autres, l'eau en excès n'est pas visible ; elle est souterraine et n'en est pas moins très-nuisible. Cela a lieu souvent pour les terres argilocares peu épaisses reposant sur un sous-sol imperméable. Il en est de même pour la plupart des terres arènocares d'une grande épais-
seur, quoique leur pente à la surface soit suffisante. Leur partie la plus superficielle, ameublie par le labour et l'addition des engrais végétaux, se laisse pénétrer assez bien par les eaux pluviales ; mais lorsque celles-ci sont arrivées au sous-sol terreux dont rien n'a diminué l'imperméabilité , elle s'y arrêtent et entresupérieure. On évalue à hoo.000 mètres cubes la capacité du réservoir qui se remplit et sert en été à l'arrosage et à faire mouvoir des roues hydrauliques. Ce travail, commencé en 1762 aux frais de la commune de Carromb, n'a coûté que 36.000 fr. environ (Mémoire statistique sur le département dc Vaucluse, par Pazzis p. 119).
Drainage.