Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1853, série 5, volume 4)

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EXPLOSION DU BATEAU A VAPEUR

repliait sur elle-même à tribord, la partie du corps cylindrique de bâbord retenue par les tirants qui la reliaient à la bande du bateau ainsi que par le tuyau de décharge, était arrachée à sa jonction avec les deux fonds plats jusqu'aux tirants transversaux placés, entre les foyers et les tubes, à la naissance de la partie cylindrique. Les fig. i, 2 et 3 représentent l'état de la chaudière après l'explosion ; il est facile de se rendre compte des résultats de cette explosion en considérant qu'une large ouverture une fois produite, et bien qu'il s'agisse ici d'une chaudière à basse pression, cette chaudière renfermait au moment de l'accident environ 15.000 kilogrammes d'eau à 112., susceptibles de dégager presque instantanément, par la réduction de la pression à la pression atmosphérique, une quantité de 327 kilogrammes de vapeur à i atmosphère q2 qui, en se développant au volume normal correspondant, de 38o m. c., produit l'énorme travail moteur de 1.900.000 kilogrammètres. Tandis que l'explosion du réservoir de vapeur du côté de bâbord repoussait subitement le bateau à 5 mètres du ponton, la réaction produite sur les faces inférieures de la chaudière déterminait la rupture de la coque dans les parties voisines, et permettait à l'eau de pénétrer peu à peu dans le compartiment de l'appareil moteur. Toutefois, aussitôt après, le bateau, allégé en son centre par la vidange de la chaudière et cédant d'autre part à l'action des ceintures et d'une portion du pont (parties en bois qui ne s'étaient pas rompues en raison de leur élasticité) se redressait en s'inclinant seulement un peu à tribord en raison du poids de la chaudière repoussée de ce côté. Un chauffeur qui, au moment de la déchirure du réservoir de vapeur, soulevait de nouveau la soupape de décharge au moyen du levier de manoeuvre, a été atteint par la projection

de vapeur et d'eau bouillante et fortement brûlé aux deux jambes ; deux autres chauffeurs ont eu des brûlures moins graves ; enfin le mécanicien, placé près des chauffeurs et qui n'a quitté qu'après eux le compartiment des appareils moteurs,

fut, au moment où il en sortait, rejeté dans le bas par une action extérieure, et légèrement blessé à la jambe dans cette chute. L'eau envahissant ensuite peu à peu le compartiment des appareils moteurs, le bateau s'affaissa de nouveau en son milieu , les ceintures en bois se rompirent sans que la séparation

LE PARISIEN le 5.

.85 des deux parties de la coque fût complète, et l'avant prit à peu

près l'inclinaison figurée en a (fig. 5), tandis que la pente à l'arrière devenait encore plus forte et telle qu'il était difficile de s'y maintenir sans appui. Malgré cet affaissement progressif de la partie centrale du bateau, les chambres des voyageurs, tant des premières que des secondes, protégées par les deux cloisons étanches qui les séparaient du compartiment des machines, maintinrent la coque à flot, la poupe et la proue hors de l'eau; par suite le bateau fut entraîné à la dérive la poupe en aval et sans aucun moyen de le gouverner. Deux fois on crut parvenir à s'amarrer au moyen de câbles et deux fois ceux-

ci se brisèrent, leur résistance ne leur permettant d'atteindre le but qu'en filant dessus, ce qui ne fut pas fait convenablement ; l'ancre fut également jetée, mais sans aucun résultat. Enfin, après avoir traversé sans accident le pont d'Andance , et à 3oo mètres environ en aval de ce pont, la partie centrale du bateau toucha le fond. La proue étant inclinée au courant et presentant une surface immergée plus considérable que la poupe, le bateau pivota ensuite sur ce point d'arrêt, de telle sorte que l'avant vint se jeter sur la rive droite contre le parapet du quai, sur lequel le choc le fit ressauter, après avoir passé par-dessus une partie de quai sans parapet. Ce choc fut assez violemment ressenti à l'avant de la proue (où la majeure partie des voyageurs des secondes, dans leur empressement à gagner le rivage, s'étaient serrés contre le garde-corps de abord) pour déterminer la rupture de ce garde-corps et par suite la chute de 5o à Lio personnes dans le Rhône.

Comme il s'était écoulé environ un quart d'heure entre l'explosion de la chaudière et l'abordage contre le quai, plusieurs barques montées par des mariniers de la localité avaient eu le temps de se porter en aval du lieu du sinistre, et purent recueillir ces malheureux, qui heureusement étaient tombés sur un fond d'eau de 0-,60 à i,20 au plus de profondeur. D'après les renseignements recueillis par la commission, le nombre des personnes qui ont péri victimes du double accident arrivé au Parisien n° 5 serait de sept (dont une douteuse). Ce n'est que trois heures après 1. accident que l'eau pénétrant peu à peu à l'arrière du bateau, malgré les cloisons étanches, cette partie s'est insensiblement enfoncée, et que, livrant ainsi une surface de plus en plus grande à l'action du courant, elle