Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1853, série 5, volume 4)

382

583

ÉTUDE GÉOLOGIQUE

SUR LE BASSIN DE L'ADOUR.

ces substances n'a pas été modifiée par ces soulève-

fournir. Sans partager son opinion sur l'origine même du banc de sel, nous avons été puissamment guidés par

ments locaux. Ainsi nous voyons, en considérant les faits dans leur ensemble, que les gîtes salins des Basses-Pyrénées se rattachent à un même étage géologique de la formation crétacée. Il nous reste maintenant à montrer comment les détails particuliers à chaque localité rentrent dans ce premier aperçu. Autrefois on ne connaissait le sel dans cette région

que par la présence de sources salées plus ou moins saturées ; en sorte que le champ était libre pour toutes les hypothèses. Rien n'étant révélé sur la position et sur l'allure des masses de sel, on pouvait les envisager soit comme des fragments détachés du trias inférieur, soit comme le produit igné de l'éruption ophique. Il est re-

marquable, en effet, que la présence des sources ou même du sel à l'état solide soit invariablement liée à des gîtes d'ophite plus ou moins voisins. L'effet de cette roche sur tout le terrain est incontestable. Les couches sont tourmentées et relevées dans tous les sens. Chaque éminence ophitique semble avoir été un centre autour

duquel le terrain a été disloqué et redressé. Nous ne prétendons nullement contester ce fait, que. l'ophite accompagne partout le sel ou les sources salées : nous reconnaissons même que, sans les éruptions ophitiques, le sel n'aurait peut-être pas été manifesté ; mais si elles l'ont mis à jour, elles ne l'ont pas engendré. La mine de sel gemme de Villefranque est un des meilleurs sujets d'étude qu'on puisse trouver en cette matière. Outre nos propres observations, nous avons encore tous les renseignements que M. Geindre, directeur des travaux et géologue distingué, s'est empressé de nous

ses précieuses indications. On a rencontré le sel à 26 mètres au-dessous du sol.

Un puits ouvert dans le gîte permet d'examiner le terrain jusqu'à une profondeur de 14 mètres dans le sel

lui-même. Des sondages, qui n'ont pas traversé la masse dans son entier, ont montré qu'elle avait, verticalement, une dimension bien supérieure à celle de 14 mètres.

Ce qu'on y observie, de plus remarquable, ce sont des zones diversement colorées, roses, bleues, grises, jaunes, quelque blanches, parfaitement parallèles entre elles sur toute l'étendue où on a pu les observer, c'est-à-dire sur toute la hauteur du puits et sur toute la longueur d'une galerie horizontale de io à 12 mètres. Ce seul fait du parallélisme des zones exclut l'idée d'une génération par voie ignée. On ne comprendrait pas, en effet, comment une sublimation aurait pu produire ces alternances régulières, tout à fait analogues à ce qu'on observe dans les divers bancs de sel de la formation triasique. En présence d'un tel aspect de la masse; il est impossible de ne pas admettre un dépôt sédimentaire.

La direction des zones est N. 58 0.-S. 38 E. Leur inclinaison est de 72° et le prolongement est au nordest.

Dans le voisinage du dépôt de sel on trouve des couches de craie marneuse à peu près parallèles à ces zones. Il semble donc que ces zones sont elles-mêmes parallèles au toit et au mur de la masse du sel, et que cette masse forme un banc régulier compris dans un étage de la craie. Du reste, lé terrain est fortement bouleversé jusqu'à