Annales des Mines (1853, série 5, volume 4)
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ÉTUDE GÉOLOGIQUE
nouveaux arguments. Ainsi, là où le gypse est associé au calcaire, comme à Salies, à Carresse , etc. , la séparation entre les deux substances est nette et régulière; ce ne sont pas des bancs plus ou moins attaqués dans lesquels la transition du gypse au calcaire s'effectue graduellement, ou des filons d'une de ses deux matières intercalés dans la masse de l'autre; ce sont, au contraire, des couches alternatives de calcaire et de gypse. Il est visible, par l'inspection de ces gisements,
que ces produits sont nécessairement dus à des influences alternatives s'exerçant au sein même des mers
où ils ont été déposés. Les surfaces de jonction des bancs sont quelquefois couvertes de cristaux mélangés de chaux sulfatée et de chaux carbonatée qui semblent indiquer le passage d'une influence à l'autre. Dans les
gîtes où le gypse est associé aux marnes, comme à Bastennes, à Cassoura, à Villefranque, à Espelette, etc.,
jamais les marnes ne présentent de trace d'altération sulfureuse. Or, si le calcaire avait été converti en pierre
à plâtre, la même action eût nécessairement attaqué les marnes et les eût partiellement converties en sulfate
d'alumine. Ce fait s'observe tous les jours dans les mines de houille en combustion naturelle : le soufre des
pyrites mélangées à la houille transforme en sulfate d'alumine ou en alun les schistes houillers. Donc, en supposant que dans les gîtes de plâtre, les sels d'alumine formés eussent été emportés par les eaux, on de-
vrait au moins retrouver des dépôts de silice gélatineuse, ce qui ne s'observe jamais. De même encore, dans les localités où le gypse est associé au sel gemme, quelquefois de la façon la plus intime, l'agent qui au-
rait sulfatisé le calcaire aurait aussi sulfatisé le chlorure de sodium et l'aurait converti en sulfate de soude ; comme il n'en a rien été, la présence de fragments de
IP gypse dans le banc de sel demeure inexplicable par ce système. On ne saurait objecter qu'il peut y avoir des gypses SUR LE BASSIN DE T.'ADOUR.
d'origines diverses,' les uns conjugués sédimentairement avec le sel, les autres dus à l'action ophitique ; car, outre le caractère peu rationnel de cette double hypothèse, elle est diamétralement en opposition avec les faits. Non-seulement il y a identité des gisements au point de vue géologique, mais encore comment admettre une dualité d'origines en présence de certains phénomènes minéralogiques qui établissent une ressemblance de plus entre les gypses des diverses localités? Ainsi les cristaux de quartz hyacinthes qu'on trouve dans le sel de Villefranque se trouvent aussi dans le gypse de ce même lieu, dans le gypse de Bastennes , de Cassoura, etc., et en général dans la plupart des gypses des Pyrénées, ainsi que l'a fait remarquer M. Dufrénoy dans son Traité de minéralogie. De même, des blocs calcaires sont enclavés dans tous les amas gypseux : on a voulu voir dans cette circonstance
un témoignage de l'action sulfurante qui aurait respecté certains noyaux plus réfractaires que le reste de la masse. Mais ces blocs se montrent dans le sel aussi bien que dans les gypses ; l'explication est donc inadmissible. Il est bien plus logique de concevoir que ces blocs ont été poussés après coup dans la masse, soit saline, soit gypseuse, et que les cristallisations gypsospathiques , ainsi que la croûte gypseuse qui les entoure, sont dues à la haute température avec laquelle -ces blocs sont arrivés sans doute au sein de la masse étrangère. Une dernière considération que nous présenterons ici pour achever de renverser le système des gypses ophi-
tiques, c'est que dans la plupart des gîtes on trouve