Annales des Mines (1854, série 5, volume 6)
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EXPLOSION DU BATEAU A VAPEUR 90 légale sans laquelle ils ont supporté un effort de 351,45 par millimètre quarré. On a vu du reste, par ce qui précède, que ces tirants verticaux ont été fort maltraités. Quant aux 2 6 tirants transversaux ou entretoises de om,025 de diamètre, ils supportaient sous une tension nominale de 5 atmosphères, un effort de 41,58 seulement par millimètre quarré; mais au moment de l'épreuve légale, ces entretoises
ont été soumises à un effort de 131, dl par millimètre quarré.
La faiblesse des tirants verticaux nous paraît donc être la cause principale de l'accident du Creuzot.
Nous devons aussi mentionner cette circonstance que la tôle paraît de qualité médiocre, de telle sorte qu'un tirant venant à céder, la tôle s'est déchirée suivant des lignes nettes, comme on le reconnaît à l'arête de rebroussement située au centre de la paroi du fond. L'état des tubes supérieurs qui ne sont pas décapés, et l'état du foyer nous semblent indiquer en outre que ce n'est pas à un défaut d'alimentation de la chaudière que la cause de l'accident doit être attribuée. Terminons, en rappelant cette circonstance que c'est aussitôt après un signal de ralentissement donné par le patron du bateau que l'explosion a eu lieu; la manoeuvre du mécanicien
a dû, à ce moment accumuler la vapeur dans la chaudière, et si les soupapes avaient été surchargées pour faciliter la remonte du navire dans les basses eaux, il est certain que l'accu-
mulation subite dans la chaudière, d'une quantité considérable de vapeur à une tension supérieure à 5 atmosphères, expliquerait tout naturellement et l'arrachement des soupapes
et la rupture de la chaudière ; mais à cela nous devons objecter: 10 Que rien ne prouve que les soupapes fussent surchargées au moment de l'accident ; 2° Que la rupture de la chaudière peut s'expliquer, sans surcharge des soupapes et avec la marche légale de 3 atmosphères, par les vices de construction signalés plus haut ; 3° Que pour ce qui est de l'arrachement des soupapes, c'est un phénomène qui accompagne souvent les explosions, sans qu'on puisse en induire nécessairement qu'il y ait eu surcharge des poids de ces soupapes.
LE CREUZOT- N° 2.
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Nous concluons donc à placer, selon notre appréciation, la cause de l'explosion, dans les vices de construction de la chaudière mentionnés au présent rapport. Fait à Alais , le 21 avril 1854. L'ingénieur des mines , secrétaire Signé DUPONT.
L'ingénieur en chef des mines
président de la commission de surveillance Signé THIBAUD.
Rapport à la commission centrale. Les circonstances de l'accident sont décrites avec beaucoup de précision dans le rapport ci-dessus. La faiblesse des tirants verticaux et des entretoises qui consolidaient la partie tubu-
laire de la chaudière est regardée par les auteurs de ce rapport comme la cause principale de l'accident ; ils citent comme cause secondaire la qualité de la tôle, qui leur a paru médiocre sur divers points des déchirures produites par l'explosion. Ils signalent en outre avec raison, sans doute, la forme tourmentée de la section transversale de la chaudière comme ayant contribué à fatiguer beaucoup les armatures. Une semblable forme ne paraît, en effet, admissible qu'à la condition d'être rendue absolument invariable par un système
bien complet de tirants, d'entretoises et de fer à T. Or, dans l'espèce qui nous occupe, il ne paraît exister dans l'intervalle entre les deux plaques tubulaires d'autres armatures que celles qu'indique le rapport, c'est-à-dire, outre les tirants longitudinaux qui n'ont joué aucun rôle lors de l'explosion, vingt-six tirants transversaux reliant entre elles les deux faces latérales et trente-sept tirants légèrement inclinés reliant le fond aux fers à T du dôme de la chaudière. Le dessin ci-joint n'indique rien de plus ; ainsi ce fond était simplement consolidé par les trente-sept tirants et par les fers d'angle au moyen desquels il était fixé aux plaques tubulaires. Il a, en projection horizontale, 5rn,87 de longueur sur 5m,52 de largeur, soit i5m,6224 de surface. Sous la pression normale
de 5 atmosphères dans la chaudière, il supporte donc une pression de 28. 1439 kilogrammes.