Annales des Mines (1854, série 5, volume 6)
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EXPLOSION DU BATEAU A VAPEUR
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Il est facile de s'assurer d'abord que, si l'on se place un instant dans l'hypothèse que le fond est parfaitement rigide et
retenu à la fois par les tirants verticaux et par sa liaison avec les parois verticales de la chaudière , le système se trouve dans des conditions très- satisfaisantes de solidité qui ont pu donner au constructeur une sécurité trompeuse. En effet, chaque tirant a 25 millimètres de diamètre ou une section de 1191 millimètres quarrés, soit pour les trente-sept tirants 18.'67 millimètres quarrés. Le pourtour de la partie tubulaire est de 2 (5',52 + 5,87) OU 1 hm,78 ; l'épaisseur de la tôle
est de lo millimètres, soit pour section 147.800 millimètres quarrés. La charge normale par millimètre quarré est donc seulement 28,115918.167+147.80o
11,67. Quant aux tirants trans-
versaux , un calcul analogue donne une charge de 11,58. Ces deux nombres sont inférieurs à ce qu'indiquerait la prudence la plus timorée. Mais cette hypothèse que. toutes les pièces travaillent de la' même quantité n'est pas admissible. Par sa forme ondulée, le fond a naturellement une très-grande facilité à s'aplatir et à s'étendre dans le sens de la largeur. Cette facilité n'étant point détruite par la rigidité de fer à T convenablement distribuée
sur la longueur, le fond s'étend en effet, et l'on comprend comment cette extension, combattue par la résistance des tirants transversaux, augmente d'abord la fatigue de ceux-ci, puis permet un affaissement du fond qui augmente bien plus encore la fatigue des tirants verticaux. Pour ces derniers, il est évident qu'on se fera une idée assez approchée des efforts qu'ils supportent vers le milieu du corps tubulaire où ils fatiguent le plus, en faisant abstraction de la liaison établie par les parois verticales, et supposant que les tirants seuls ont à résister à la pression de la vapeur sur le fond, chacun pour une quantité proportionnelle à la portion du fond qu'il supporte. Dès lors les treize tirants du milieu supportent, comme il est facile de s'en assurer, le quart de la charge totale, soit 281.439
.
kilogrammes pour 491 X 15 millimètres quarrés ou
1',02 par millimètre quarré. Cette charge est évidemment trop forte, non-seulement en
clic-même, mais encore à cause de l'épreuve légale que la chaudière a. à supporter ; car lors de l'épreuve la charge s'é-
LE CREUZOT 'le
2.
95 lève à 551,06, effort capable d'énerver le fer, sinon même d'en amener la rupture immédiate. Il n'est donc pas étonnant, comme cela a eu lieu en effet, qu'à un moment donné ces tirants de plus en plus affaiblis aient fini par céder. Une fois cette première rupture produite, les autres circonstances de l'accident s'expliquent d'elles-mêmes. D'après les détails qui précèdent, je propose à la commission d'émettre l'avis suivant 10 La commission pense, comme MM. les ingénieurs du Gard,
que l'explosion est due principalement à ce que les armatures de la partie qui a fait explosion se sont trouvées insuffisantes par suite des changements de forme que tendait à éprouver le fond de la chaudière sous l'action de la pression intérieure ; 20 Elle pense qu'il est utile d'appeler l'attention des commissions de surveillance et des constructeurs sur les circonstances dans lesquelles s'est produit l'accident du 13 mars, sur l'importance d'assurer l'invariabilité aussi complète que possible des chaudières qui peuvent avoir une tendance particu-
lière à se déformer par la pression intérieure, et sur l'excès considérable de fatigue qui peut en résulter pour certaines pièces, lorsque la condition d'invariabilité n'étant pas suffisamment remplie, la déformation se produit en effet; 50 Elle propose, en conséquence, d'insérer le l'apport de MM. Thibaud et Dupont, avec le présent avis, dans les Annales des mines et dans les Annales des Ponts et chaussées.
Le secrétaire adjoint, Signé J. CALLON.
La commission, après en avoir délibéré, approuvant les observations contenues dans ce rapport, en adopte les conclusions. Le secrétaire adjoint, Signé J. CALLorr.
Le président de la commission, Signé J. CORDIER.