Annales des Mines (1854, série 5, volume 6)
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DU DRAINAGE, DANS SES RAPPORTS
AVEC LA MÉTÉOROLOGIE ET LA GÉOLOGIE.
L'apparente anomalie qu'offrent, relativement au climat du nord de la France, soit le plus grand écoulement des eaux torrentielles sur les sols imperméables, soit la plus forte filtration sur les terres perméables , ainsi que la moindre évaporation des eaux pluviales sous le climat dut midi, s'explique bien en observant j° Que les pluies méditerranéennes tombant pendant les mois les plus froids , s'écoulant immédiatement sur les sols argileux inclinés, ou pénétrant rapidement dans les sols perméables, laissent une moindre part pour la vaporisation pendant la saison chaude ; 20 Que les pluies sont trois fois plus concentrées ou trois fois plus rapides sous le climat méditerranéen. En conséquence , il y a dans la France méridionale plus grand ravinement des sols argileux , plus grande submersion hivernale des terrains imperméables hori-
tares. Les deux tiers de la surface de notre sol sont cultivés, c'est donc 14.000. 000 d'hectares à drainer!
zontaux , et plus énergique dessiccation, en été, des
terrains plats qui avaient été détrempés.
Il résulte de là une plus haute utilité du drainage dans tous les sols imperméables du midi de la France. Les drains doivent avoir une pente plus forte ou une section plus large pour suffire à une évacuation triple de celle exigée pour les climats de Londres et de Paris. Les questions de salubrité et de régularisation des cours d'eau, par travaux de drainage, offrent, pour le midi de la France , une importance bien supérieure à celle déjà reconnue pour l'agriculture du nord. L'utilité du drainage étant bien démontrée pour les deux régions de la France oit les conditions climatériques sont les plus opposées , cette utilité est ainsi établie pour les contrées intermédiaires. Le sol imperméable de la France paraît, d'après nos calculs appliqués
à la belle carte géologique que nous devons à deux savants in u sires , devoir être porté à 2 000, 000 d' bec-
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Mais, d'après nos évaluations, sur les deux tiers des terrains à drainer, les pierres abondent et sont un embarras; le perfectionnement du drainage par empierrement serait donc, en France , d'une haute utilité , et l'évacuation par puits absorbants d'une grande opportunité à cause de la division de la propriété morcelée. L'exemple de la conservation du drainage par empierrement établi aux Prés-Saint-Gervais, aux portes de
Paris, et révélé par M. l'inspecteur général Mary montre ce que l'on peut attendre des drains par empierrement, alors qu'on y aura généralisé la pratique des chappes et des radiers en mortier hydraulique. Le drainage des Prés-Saint-Gervais donne, en hiver, 4. 000 mètres cubes d'eau par vingt-quatre heures; on peut donc, sous notre climat, créer des sources importantes. Le drainage des bas-fonds devrait s'exécuter avec l'encaissement des rivières torrentueuses , dont la cein-
ture de digues modifierait tous les écoulements; il faudrait drainer aussi les coteaux pour éviter la rapidité des inondations. Or, la France offre 209.000 hectares de marais, 456. 000 hectares de graviers et lits de rivières; en assainissant les lieux marécageux, en régularisant les cours d'eau, on pourrait conquérir 240.000 hectares de riche terreau qui suffiraient , à eux seuls pour combler le vide des 4. 000. 000 d'hectolitres de grains, vide qu'ouvrent pour nous les années de médiocre récolte. C'est par ces travaux que de grandes compagnies concessionnaires pourraient inaugurer le drainage et le populariser par le vaste modèle offert aux petits propriétaires.