Annales des Mines (1855, série 5, volume 7)
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BULLETIN.
BULLETIN.
Remarquons, en effet, que le prix du fer aux États-Unis est réglé par le prix du fer dans notre pays qui les approvisionne. Or la fabrication indigène peut lutter avec avantage contre la nôtre, tant que le prix de vente aux États-Unis ne tombe pas audessous de 2o dollars pour la fonte et de 50 dollars pour le fer en barres. Dès que les prix s'abaissent au-dessous des limites que je viens de fixer l'avantage reste, au contraire, à notre fabrication et la production indigène est paralysée. On peut estimer que la différence entre les prix du marché
anglais et du marché américain est de 80 p. ,00. Ce chiffre comprend, d'une part, les dépenses de transport, de commission et d'assurance qui sont à peu près de 50 p. i00 et, d'autre part, les droits de douane qui s'élèvent à 50 p. 100. Les maîtres de forges des États-Unis sont donc garantis par une PROTECTION NATURELLE de 50 p. 100 qui existera toujours et par une protection artificielle de 30 p. 100 qui, comme tous les droits de douane, est sujette à des modifications. Les droits de douane ont en effet subi divers changements ; ils
ont été graduellement réduits, l'État laissant à l'industrie privée le soin de se protéger elle-même par ses progrès et par ses propres ressources. En 1815 , le droit d'entrée sur la fonte a été fixé à 1,50 dol, par cwt. En 183.8 , il a été réduit à 5o c. par cwt. En 1828, ce droit a été légèrement élevé et porté à 621/2 c. par cwt. En 1830, il a été de nouveau fixé à 50 c. par cwt., et en 18/t2, il a été réduit à 9 dollars par tonne ; enfin, c'est en t81i6 qu'on a établi l'impôt actuel ad valorem qui est de 30 p. 100. Ces différents changements ont influé sur le dédéveloppement de la fabrication indigène; mais les grandes
variations que présentent les chiffres de la production annuelle doivent être attribués à d'autres causes ; la plus importante de ces causes paraît être la hausse ou la baisse du prix du fer sur le marché anglais. L'industrie du fer aux États-Unis commence seulement à naître ; car elle date en quelque sorte de notre siècle. Son développement a été un peu irrégulier; mais lorsqu'on remarque que dès à présent elle a atteint un grand degré de perfection,
et que sa production égale déjà celle de notre pays il y a vingt ans; lorsqu'on songe aux ressources immenses et inépuisables que la métallurgie du fer peut trouver aux États-Unis,
à l'accroissement rapide de leur population, à l'énergie et à
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l'intelligence des habitants de l'Union, on est forcé de reconnaître que le temps n'est pas éloigné où l'industrie du fer aux États-Unis produira non-seulement assez pour la consommation indigène, mais pourra même nous faire une concurrence sérieuse sur d'autres marchés importants du monde. Dans les différents districts que j'ai parcourus, j'ai trouvé qu'on avait introduit tous les perfectionnements apportés à nos usines. Partout les usines à charbon de bois cèdent la place aux hauts-fourneaux plus économiques qui sont chauffés à l'air chaud et à l'anthracite. La devise des maîtres de forges de l'Union paraît être : Économie dans la fabrication.
D'un autre côté, les qualités supérieures de leurs minerais et de leurs combustibles leur assurent toujours une bonne fabrication.
L'emploi des gaz perdus est général dans leurs usines. Il n'existe pas, comme chez nous, des divergences d'opinion sur le parti qu'il est possible d'en tirer. On a également essayé d'utiliser d'autres produits très-encombrants et perdus jusqu'à présent, je veux parler des scories. En soumettant ces scories à un recuit, elles deviennent trèsrésistantes et elles servent de matériaux de construction. Lorsqu'elles sont polies, elles peuvent d'ailleurs être employées pour l'ornement. Les échantillons que je présente viennent de l'usine de Dowlais.
Si ce procédé peut être appliqué avec succès sur une grande échelle, il nous procurera à peu de frais une matière très-utile, et dont le besoin se fait sentir chez nous ; de plus il nous permettra de tirer Parti d'un produit perdu, qui actuellement occasionne même des dépenses inutiles à tous les maîtres de forges qui sont obligés de s'en débarrasser (i). Un autre procédé récent en usage aux États-Unis est celui du (i)En France et en Allemagne, on a cherché à plusieurs reprises à tirer parti des scories des hauts-fourneaux. M. Polonceau, inspecteur divisionnaire des ponts-et-chaussées, avait notamment fait une série de recherches intéressantes sur ce sujet à l'usine de Fraisans , dans la Franche-Comté. Nous avons nous-mêmes pris part à ces recherches. Le procédé de M. Polonceau consistait à couler les scories sortant du haut-fourneau clans un moule, au lieu de les laisser refroidir à l'air, ce qui y occasionne toujours des fendillements;
il les soumettait ensuite à un recuit dans un four à réverbère. Par l'action du recuit, ces scories perdaient leur structure vitreuse, elles devenaient