Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1855, série 5, volume 7)

BULLETIN. 630 peu près tout dit sur le mode d'exploitation des terrains volcaniques, dont les vapeurs apportent l'acide borique recueilli par voie de concentration dans les eaux qui le contiennent en dissolution. Je parlerai moins encore de sa formation mystérieuse et empiétement inexpliquée, d'une manière satisfaisante du , moins ; je ne mentionnerai ni l'importance des établissements qui existent, ni le personnel qu'ils occupent, puisque des documents imprimés, faciles à consulter, répondent à tout ce que l'on désirerait savoir à cet égard ; je me bornerai à traiter la question sous son aspect commercial. Toutefois, je rappellerai sommairement 10 Que jusqu'en 18'8, date à laquelle remonte la création de cette industrie en Toscane, on n'avait connu dans le commerce qu'un borate de soude naturel , venant de l'Inde, vendu sous le nom de Tinkal , contenant de la soude en excès, et qui, pour être employé, nécessitait un raffinage; e Que jusqu'à ladite époque, la Hollande avait eu le monopole exclusif de ce produit ; 5. Que le jour où les vapeurs volcaniques de la Toscane fournirent de l'acide borique à l'état libre, et non plus à celui

de combinaison avec la soude, comme le Tinkal , le premier de ces produits fit reculer le borate indien et se substitua à lui victorieusement ; it" Que la consommation, très-restreinte à l'origine, prit un développement sans cesse croissant, au fur et à mesure que de nombreuses applications réclamaient l'emploi de ce sel ; 5" Que nombre d'industries trouvèrent dans le nouvel agent un puissant auxiliaire, et lui durent de précieux perfectionnements;

6' Qu'enfin, aujourd'hui, la production n'est plus en rap-

port avec les besoins de la consommation. Cette production est actuellement en Toscane de i. 200.000 ki-

logrammes par an; elle ne peut faire face à la demande, et il arrive dès lors ce qui se voit toujours en pareille circonstance, c'est-à-dire une forte élévation de prix. Une autre cause très-fâcheuse, très-nuisible à notre industrie, détermine encore l'exagération des prix; c'est que le producteur toscan (M. le comte de Larderel) a aliéné pour longtemps la totalité de ses produits, sans aucune réserve, et qu'il en résulte un véritable monopole au profit de ses acheteurs. Or, ses acheteurs sont anglais; dans cette affaire, ainsi que

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dans beaucoup d'autres, l'Angleterre a su s'emparer habilement de ce que la France a refusé de prendre quand on le lui a offert; il suit de là qu'elle nous rend tributaires pour le produit dont il s'agit, et qu'elle fait supporter à notre industrie les conséquences de son pesant monopole. Elle achète à bas prix, et revend très-cher. Lorsque le commerce de l'acide borique était libre, le gouvernement français, dans le but de protéger la soude indigène et la main-d'oeuvre nationale, avait établi sur le borax de provenance étrangère des droits que l'on peut considérer comme prohibitifs, tandis que l'acide borique, matière première, arrivait sur nos marchés moyennant le payement d'une simple taxe de balance.

Mais aujourd'hui, par le fait du monopole anglais, cette législation est impuissante à'protéger le travail national et les

soudes indigènes, puisque les Anglais, seuls détenteurs de l'acide borique, seuls fabricants du borate de soude par conséquent, mettent la France dans cette alternative ou de se passer de borax, ou de le payer fort cher, ou de supprimer les droits protecteurs qui en interdisent l'importation. L'anéantissement de ces droits est le but évident du monopole anglais. Cependant, pour dissimuler leurs vues, les Anglais n'ont pas voulu paraître refuser complètement l'acide borique aux autres pays; seulement, ils ont établi un prix uniforme pour cet acide, matière première, et pour le borax, produit manufacturé; l'un et l'autre se vendent à Liverpool 225 fr. les loo kilogrammes, tandis que le premier revient à peine à Io. fr. Sans cloute, les droits d'importation établis en France, quel qu'en soit le chiffre, contribuent encore à grever d'autant plus notre consommation ; mais il n'est pas certain que leur suppression lui fût très-profitable, car il y a lieu d'examiner si, le jour où le marché français serait livré aux Anglais, le monopole n'augmenterait pas immédiatement son prix, déjà si onéreux, de 225 francs par 100 kilogrammes. Ce que l'on peut avancer dès à présent avec certitude, c'est qu'une concession de cette nature ne lui ferait pas réduire ses prétentions. Cette situation critique dans laquelle se trouve notre industrie par rapport à un produit dont elle ne peut plus se passer, lui a arraché des plaintes légitimes; l'Académie des sciences,

avons-nous dit, s'en est émue la première, et, aujourd'hui,