Annales des Mines (1855, série 5, volume 8)
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EN BOHÈME. TRAITEMENT DES MINERAIS ARGENTIFÈRES
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posé, puis on en sépare la solution au moyen d'un siphon en verre, et l'on passe l'oxyde de cobalt dans un filtre en toile. Dans presque tous les cas, l'oxyde ainsi obtenu sera suffisamment libre de matières étrangères pour devenir immédiatement un objet de commerce; et si même il n'en était point ainsi, il serait facile de le débarrasser de la très-petite quantité de matières étrangères qui s'y trouveraient mélangées. Des expériences, souvent répétées, ont prouvé que le meilleur moyen de parvenir à ce but était de ne pas précipiter, par l'hypochlorite de chaux, la totalité du cobalt renfermé dans la solution, et d'y laisser plutôt une petite portion réunie au nickel, un léger mélange de cobalt ne détériorant pas sensiblement la qualité du nickel, tandis qu'une très-petite quantité de l'oxyde de ce dernier métal suffit
pour diminuer beaucoup la qualité de l'oxyde de cobalt.
VIII. Précipitation du nickel. La solution, neutralisée et débarrassée du cobalt, se traite dans de grands baquets en bois avec de la chaux cuite récemment et délayée dans de l'eau. On obtient ainsi un précipité d'ox-ydule de nickel hydraté qu'on
exprime et qu'on sèche, après l'avoir reçu dans des filtres de toile.
IX. Réduction de l'oxyde de nickel.
L'oxydule de nickel, après avoir été séché, est chauffé au rouge et réduit en poudre fine : on en fait
une pâte, aussi ferme que possible, en y ajoutant 5 p. 100 de farine grossière, du sirop de betterave et de l'eau en quantité suffisante. On comprime cette pâte dans un cadre, puis on la coupe en cubes, qu'on fait sécher aussi vite que possible, afin qu'ils ne soient
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pas déformés par la fermentation de la farine ; on a soin toutefois de ne pas carboniser les substances orga-
niques qu'ils renferment, ce qui les rendrait cassants.
Ces cubes, après avoir été séchés et enveloppés de charbon pulvérisé, sont fortement chauffés au blanc pour obtenir la réduction de l'oxyde. Le nickel métallique s'agglutine par suite d'un commencement de fusion
et conserve sa forme cubique, à moins qu'il ne contienne des matières étrangères. Pour éviter cet inconvénient, il suffit, avant la réduction, de griller l'oxydule avec 10 à 15 p. ioo de soude, qui enlève les dernières
traces d'arsenic et de soufre. La surface des cubes de nickel est encore rude au toucher ; on la polit en agitant les cubes dans un baril rempli d'eau, pouvant tourner autour de son axe. On a pu voir de ces cubes de nickel qui avaient été envoyés à l'Exposition Universelle de Paris. Les minerais, sur lesquels j'ai opéré d'après la méthode que je viens de décrire, renfermaient en moyenne
5 p. ioo d'argent, 2 p. 100 de cobalt et 8 p. 100 de nickel. La quantité totale des minerais ainsi traités est de 41 quintaux (2.296 kilogrammes) ; le déchet d'argent , résultant de ces opérations, s'élève à 155/ 000 ; les déchets de cobalt et de nickel n'ont pas encore pu être calculés, mais on a tout lieu de croire qu'ils sont très-faibles. La nouvelle méthode est d'ailleurs beaucoup moins coûteuse que celle qu'on a suivie jusqu'à présent. Quoique je ne l'aie encore appliquée qu'aux minerais riches de Joachimsthal , je pense qu'elle n'est avantageuse que pour le traitement de minerais renfermant de l'argent en proportion considérable. Des expériences ultérieures fourniront des données pour modifier la méthode, de manière à l'appliquer avec avantage au traitement de minerais pauvres.