Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1856, série 5, volume 9)

6 oo

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

difficile de déterminer la valeur convenable par des expériences pratiques. Considérons maintenant l'action de la chaux sur la pouzzolane. Tant que la chaux reste en excès suffisant elle doit décomposer les silicates complexes, en pro-

duisant du silicate de chaux, de l'aluminate de chaux et un composé peu stable de l'oxyde de fer avec la chaux. La magnésie reste probablement combinée avec

l'alumine ou avec la silice; les alcalis sont peut-être enlevés progressivement par l'eau. A cet égard on ne peut émettre qu'une opinion peu certaine, et cependant il serait d'un grand intérêt de savoir exactement de quelle manière se comportent les alcalis, dont la proportion est très-forte dans plusieurs pouzzolanes employées fréquemment. En écartant cette cause d'incertitude, on voit que la prise sera nécessairement progressive, puisque la chaux ne peut pas, par voie humide et à la température ordi-

naire, décomposer rapidement la totalité du silicate de la pouzzolane. On doit donc toujours craindre la désagrégation du mortier, solidifié après un certain temps, par la continuation de l'action de la chaux sur les parties les plus resistantes des pouzzolanes. Il faudrait donc que la proportion de chaux fût limitée à celle strictement nécessaire pour produire la transformation de cette partie de la pouzzolane qui peut être attaquée avec une facilité relative. Cette condition est impossible à remplir dans un grand nombre de constructions; on ne peut savoir d'avance quelle proportion de la chaux employée agira réellement sur la pouzzolane. Il faut en employer en excès, et par là on expose le mortier à des causes nombreuses de décomposition A celle résultant de ce que la chaux encore en excès continue son action sur la pouzzolane ;

SUR LES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

6o

A celles, énumérées précédemment, de l'eau, l'acide carbonique et des sels contenus dans l'eau de mer.

En présence de ces difficultés, il est évident qu'un ingénieur ne peut pas déterminer avec certitude les proportions et le mode d'emploi, et par suite qu'il s'expose à des accidents dans les constructions. Nous avons indiqué déjà le moyen de diminuer beaucoup et même d'écarter presque complétement ces difficultés, en soumettant le mélange de pouzzolane et de chaux hydratée à une longue digestion : les actions chimiques peuvent se préparer de manière à ce qu'après l'immersion il ne.reste plus à effectuer que l'hydratation des composés de la Chaux. Nous rappellerons que cette précaution, suivie pro-

bablement par les anciens constructeurs, est encore adoptée dans plusieurs pays, et notamment dans ceux où les pouzzolanes donnent des résultats bons et constants.

Les mortiers composés de pouzzolanes et de chaux hydrauliques doivent être d'un emploi plus difficile encore que ceux dans lesquels on se sert de chaux grasses. Les chaux hydrauliques contiennent du silicate et de l'aluminate de chaux, et un excès plus ou moins grand de chaux à l'état caustique. Cette dernière partie seulement peut agir sur les pouzzolanes, et par consé-

quent il faudra employer une proportion de chaux hydraulique d'autant plus grande que sa faculté hydraulique sera plus prononcée. Il faudra ensuite déterminer les précautions nécessaires pour régulariser la prise du silicate et de l'aluminate de chaux formés par voie sèche, de manière à ce qu'elle ait lieu à peu près en même temps que la solidification des composés correspondants produits par voie humide. Toms IX, 1856.

59