Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1856, série 5, volume 9)

62 2

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

et ciments soumis à une température moins élevée. Ils peuvent donner de très-bons résultats pour les blocs constamment immergés. Dans d'autres conditions ces ciments ne peuvent réussir que si les précautions de la mise en oeuvre donnent aux mortiers une compacité suffisante pour éviter la pénétration facile de l'eau de mer. Ils résisteraient certainement mieux si on les mélangeait avec une faible_ proportion de chaux hydratée, et si le mélange était soumis à une digestion préalable de quelques mois. 110 Les pouzzolanes artificielles peuvent bien rarement donner des résultats favorables. Avec les pouzzolanes naturelles on doit employer les chaux grasses de préférence aux chaux hydrauliques. Les réactions qui déterminent la prise sont assez complexes et successives ; elles ne peuvent être régularisées que par une longue digestion préalable de toutes les matières intimement mélangées. Cette précaution est adoptée par quelques ingénieurs, et paraît être la condition principale de la stabilité des mortiers à pouzzolanes. 12° L'eau de mer exerce sur les matières et les ciments des actions différentes de celles de l'eau douce, non-seulement par suite des mouvements plus répétés et plus violents des marées et des vagues, mais encore et principalement en raison des sels, de l'acide carbonique et de l'hydrogène sulfuré qu'elle tient en disso-

lution. Le sel marin retarde en général la prise des ciments et des mortiers ; les sels de magnésie exercent une action notable, et sensiblement la même dans tous les ports, sur la chaux non combinée et sur l'aluminate de chaux. Il est facile de tenir compte de ces deux actions par un petit nombre d'expériences comparatives. L'acide carbonique et l'hydrogène sulfuré se présentent en proportions très-variables dans les différentes locali-

SUR LES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

625

tés ; ils agissent depuis le moment de l'immersion jusqu'à la décomposition complète, ou bien jusqu'à ce que les mortiers ou ciments soient devenus solides et imperméables. Leur action se porte d'abord sur la chaux

libre, ensuite sur celle combinée à l'alumine et à la

silice. Nous considérons ces deux gaz comme les principaux agents de décomposition ; ils sont d'autant plus difficiles à combattre qu'ils exigent, en raison de leur

proportion variable, des précautions spéciales dans

chaque port. 13° Les cas de décomposition des mortiers n'ont été bien constatés que depuis un petit nombre d'années, à la suite d'un emploi plus général des grandes masses de

béton. Les différences d'action de l'eau de mer et de l'eau douce ne sont pas de nature à faire admettre que les fondations en bétons, employées maintenant en eau douce, soient à l'abri de tout danger.