Annales des Mines (1857, série 5, volume 11)
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SUR LES TORRENTS DES ALPES.
résulte que le torrent en se dispersant éprouve une diminution énorme dans sa puissance d'entraînement, et qu'une bonne partie des matières qui aurait traversé le lit de déjection sans s'y arrêter, si l'encaissement des
ou l'autre de ces deux effets opposés. Ce principe est celui qui sert de base à notre second système de défense. On peut l'énoncer ainsi : Diminuer d'un côté
eaux s'était maintenu, est obligée de se déposer. Lorsque plus tard il survient des crues modérées, l'affouillement
iles déjections commence, mais ses progrès sont trèslimités, surtout à cause des blocs et des cailloux
volumineux amenés par le transport en masse. Ces cailloux résistent à l'action des crues ordinaires, et en s'accumulant au fond du lit créé par l'érosion , ils forment bientôt une espèce de radier qui met à l'abri de l'entraînement les menus graviers placés au-dessous,
en sorte que les crues modérées qui arrivent après, quels que soient leur nombre et leur durée, sont sans eifet utile. Ainsi, d'un côté, les débordements, et-, de l'autre, la présence des gros cailloux dans le lit de déjection, telles sont les deux causes principales du dé, faut d'équilibre entre les crues encombrantes et les crues affouillantes. Supposons maintenant que par quelque moyen artificiel on parvienne à retenir en amont d'un lit de déjection, au moment des crues excessives, une quantité de
matières assez notable pour empêcher les débordements. Admettons aussi que les cailloux les plus volumineux soient compris parmi les matières retenues. Il est
évident, d'après ce qui précède que le résultat d'une pareille opération sera, d'un côté, de diminuer l'apport des crues encombrantes , et, de l'autre, de favoriser l'affouillement par les crues modérées. Par suite l'exhaussement des déjections, qui n'est autre chose que l'excès de l'apport sur l'affouillement, deviendra moindre, et on pourra le rendre complétement nul si l'on est le maître de pousser à un degré suffisant l'un il
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ÉTUDES
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l'arrivée des matières de transport dans le lit de déjection et augmenter de l'autre leur départ jusqu'à ce que l'équi-
libre soit établi. Nous verrons bientôt que le moyen à employer pour arriver à ce résultat est d'une exécution facile. En principe, il consiste, comme nous venons de le dire, à retenir en, quantité suffisante dans le canal de réception, au moment des crues excessives, une Partie des matières charriées, et notamment les plus volumi, Denses.
Ce système de défense, que nous appellerons retenue partielle aes cailloux, présente un cas particulier qu'il
est utile de mentionner : c'est celui où la retenue à opérer est à peu près nulle, parce qu'il suffit, pour prévenir l'exhaussement du lit de déjection, d'y favoriser l'entraînement des matières en prévenant les débordements. Ce cas est applicable à une classe assez nombreuse de torrents, que l'on rencontre surtout dans les vallées très-étroites, comme celles des Hautes-Alpes
et des Basses-Alpes. Ces torrents n'ont pas de lit d'é-
coulement, et leur lit de déjection est très-incliné. Malgré cette forte inclinaison et la rareté des gros blocs
roulés, il y a encombrement toutes les fois qu'il se forme quelques-unes de ces énormes agglomérations d'eau et de cailloux qui donnent aux crues. excessives les caractères d'une débâcle. Lorsque ces masses demiliquides débouchent dans la vallée , elles sont trop volumineuses pour être contenues dans le chenal que le torrent s'est creusé; il y a débordement, et par suite un dépôt abondant. Si, sans rien changer à la quantité totale des matières amenées, on faisait en sorte qu'elles ne vinssent pas toutes à la fois, leur encaissement snb,