Annales des Mines (1857, série 5, volume 11)
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ÉTUDES
SUR LES TORRENTS DES ALPES.
qui auparavant s'arrêtaient au-dessus du point C étant soumises maintenant à une force d'impulsion plus considérable sont entraînées en partie au delà jusque dans le lit encaissé du torrent, où, par l'affaiblissement tou-
que l'on fasse, on n'obtiendra jamais que la puissance d'entraînement de l'eau à l'une de ces extrémités soit la même qu'à l'autre.
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jours croissant de la pente, elles sont obligées de se déposer. Depuis 184o, le dépôt a continué sans interruption. Pendant les premières années jusqu'en 1849, il a été surtout sensible à l'issue des digues qui se ter-
minaient au pont établi sur la grande route ; une échelle hydrométrique placée en cet endroit a permis de constater un exhaussement moyen annuel d'environ io centimètres (1) . Depuis 1849, on a prolongé l'endi-
guement de la Romanche jusqu'à 5 ou 4 kilomètres en aval du' pont. Il en est résulté un allongement du dépôt sans que pour cela il ait cessé de faire des progrès ; il continue toujours et l'on peut prédire dès à présent-qu'il persistera quand même le torrent serait canalisé dans toute l'étendue de la plaine. En effet, à partir d'un point situé un peu en aval des digues actuelles jusqu'au confluent du torrent nommé l'011e (2), sur une longueur de 5.260 mètres, la pente de la Romanche n'est que de omm,600, tandis qu'à l'entrée des digues de la Bayette, elle surpasse 2 millitnètres. Quoi(i) 11 n'est pas douteux, suivant nous, que ce dépôt énorme n'ait été occasionné par l'endiguement de la Romanche. En effet, depuis plus de cent ans que. ce torrent a un lit fixe dans la plaine, il passe précisément au point où le pont est construit. Si, pendant ce laps de temps, l'exhaussement avait été à peu près ce qu'il est aujourd'hui, le fond du lit se serait trouvé
en 1836, année où l'on a. placé l'échelle hydrométrique, à 9 ou io mètres au-dessus des terres environnantes. Or, à, cette époque, il y avait une différence en sens contraire d'environ 0-.50. (2) L'011e se jette dans la Romanche près de l'extrémité nord de la plaine du Bourg- d'Oisans; leurs eaux réunies coulent en-
suite vers l'ouest et ne tardent pas à entrer dans la gorge qui conduit à Vizille.
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L'exhaussement du lit encaissé de la Romanche, depuis 184o , a déjà été pour les habitants du Bourgd'Oisans et pour l'état une source de dépenses considérables , parce que l'on a été obligé à plusieurs reprises de relever le niveau des digues. En outre, on doit
lui attribuer, sinon exclusivement au moins en partie, les débordements multipliés qui ont désolé le pays. De 1845 à 1849, leur nombre a été de onze en sept ans. En 1852, une irruption encore plus violente que les précédentes a emporté la digue de la Croix-du Plan et submergé la plus grande partie de la plaine. Les terres sont restées pendant plusieurs mois sous l'eau et toutes
les récoltes ont été perdues. Si depuis 1852 jusqu'en 1855 il n'est pas survenu de nouveaux désastres, on le doit probablement aux circonstances mété.orologiuues exceptionnelles de ces dernières années qui dans les Alpes ont été peu favorables aux inondations ; mais le danger subsiste toujours et même il augmente sans cesse (1). Dans un pareil état de choses se borner à relever les digues et à les fortifier, à mesure que l'ex haussement du lit fait des progrès, n'est pas apporter un remède au mal, c'est suivre une voie où les dépenses sont énormes et les périls sans cesse renaissants, ainsi que l'expérience l'a déjà prouvé. D'ailleurs, en procé-
dant ainsi, une catastrophe finale paraît inévitable, savoir l'envahissement permanent de la plaine par les (i) En i856, à l'époque où de grandes inondations ont désolé une partie de la France, la plaine du Bourg-d'Oisans n'a pas été
épargnée; elle a été submergée par suite de la rupture des digues sur deux points différents. L'exhaussement du lit de la Romanche a fait de nouveaux progrès qui sont effrayants.