Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1857, série 5, volume 11)

1 82

RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS RÉCENTES

aux objets sur lesquels elle tombe ; elle est mobile comme le sable du désert. Dans ces conditions, la direction du vent prend une influence prépondérante sur le lieu où ces neiges viennent s'accumuler. Le revers des montagnes qui fait face au vent est complètement balayé ; les neiges viennent se déposer dans les en-

droits abrités, où elles trouvent un air plus tranquille,

précisément dans les cirques dont nous venons de parler. Sans l'intervention du vent, il est probable que les glaciers de premier ordre n'existeraient pas; les neiges tomberaient verticalement ; elles couvriraient d'un manteau d'une épaisseur uniforme toute la surface du terrain, elles ne se réuniraient pas sur un point en assez grande abondance pour former un grand glacier, elles ne donneraient lieu qu'à des glaciers de second ordre. Les pics des Alpes jouent dans le cas présent le même rôle que les pyramides d'Égypte, relativement au sable

du désert; en brisant le vent, elles déterminent le sable qu'il transporte à se déposer sur certains points de préférence à tels autres, elles empêchent son envahissement sur les terres cultivées. Ces conditions de basse température pendant la chute

de la neige se rencontrent particulièrement dans les régions boréales et dans les hautes montagnes. A Paris, la neige tombe le plus fréquemment quand la température de l'air ambiant oscille de quelques degrés seulement autour de zéro ; elle est alors floconneuse ; à cette

température elle a la propriété de s'attacher, de s'agghttiner ; tandis que (l'ordinaire, dans les hautes régions, à partir de 8 à 100 au-dessous de zéro, elle perd cette propriété, elle devient sèche, elle ne s'agglutine plus; lorsqu'elle est chassée par le vent, elle nivelle les illégalités du sol, elle comble les fonds de vallée, elle

SUR LES GLACIERS.

t83

se rassemble alors de préférence dans les cirques supérieurs. Au point de vue orographique, les chaînes de mon-

tagnes doubles et les chaînes simples présentent des résultats bien différents sous le rapport de la quantité de neige qui peut s'accumuler sur un point donné. Les chaînes simples comme les Pyrénées, on les montagnes isolées comme l'Etna , quelle que soit leur hauteur, n'offrent pas un relief réunissant de grands cirques qui

permettent aux neiges chassées par le vent de s'y entasser en masse suffisante. Le cirque de Gavarni, par exemple, est trop petit, trop exigu pour donner matière à un grand glacier ; on n'y voit que de petits glaciers de second ordre suspendus aux parois du cirque. Tandis que la chaîne des Alpes qui se dédouble, se triple, se

bifurque, se divise sur une grande partie de sa longueur en vallées longitudinales, possède dans presque

tous les fonds de ces vallées des cirques d'un grand diamètre, où le vent vient déposer des masses de neige c'est là l'origine de tous les glaciers. Si par la pensée nous supprimons l'action du vent, les cirques perdent leur importance; ils ne jouent plus

le rôle de ré,ervoirs, les grands glaciers n'étant plus alimentés cesseraient d'exister. Nous prendrons pour exemple l'inclinaison de la surface du glacier de l'Aar, qui a été mesurée exactement par M. Agassiz sur une longueur d'environ 8 . 000 mètres,

prise dans la partie inférieure de ce glacier. La partie supérieure a des pentes beaucoup plus fortes.

Pente

de la surface des glaciers.