Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1857, série 5, volume 11)

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SUR LES GLACIERS.

RÉSUME DES OBSERVATIONS RÉCENTES

Plusieurs observateurs pensent que chaque couche représente la somme des neiges d'une saison, cependant

si l'on observe le phénomène de la chute de la neige pendant tout un hiver dans une région montagneuse, on reste bientôt convaincu qu'il n'en est point ainsi ; chaque hiver donne lieu à plusieurs couches séparées distinctement les unes des autres. Ainsi après une chute

abondante de neige, on la voit au bout de quelques jours se tasser, passer .à l'état grenu, à l'état de névé, soit par une fonte partielle, soit simplement par l'effet de la pression qu'elle exerce sur elle-même ; si le temps s'éclaircit elle ne tarde pas à se couvrir de corps étrangers de toute nature ; les flotteurs légers d'origine vé-

gétale ou minérale suspendus dans l'air viennent se déposer à sa surface et ternir sa blancheur. Puis, lorsqu'une seconde chute arrive, le même phénomène se représente, cette dernière couche se trouve distincte de la précédente par une bande de couleur grise ou blanc sale.

Quelquefois les deux couches sont séparées par une lame mince de glace, qui provient d'une fusion partielle, suivie de congélation superficielle, d'un verglas, qui couvre la première couche. Ailleurs les deux couches se distinguent sans qu'il y

ait ni glace, ni corps étrangers interposé entre elle, mais elles sont dissemblables par leur différence de structure; l'une est composée de névé à gros grains et l'autre de névé très-fin, presque compacte, parce que la neige qui les a formées est tombée dans des conditions de température différente ; comme nous l'avons vu

précédemment, par une basse température de 80, to°, ou 12°, la neige tombe sous forme d'aiguilles excessivement fines qui lui donnent l'apparence d'une poudre farineuse, tandis qu'aux environs de la tempé-

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rature de zéro, elle conserve -sa forme floconneuse; ces différences de structure se retrouvent dans les couches

successives de neige qui sont passées à l'état de névé et plus tard à l'état de glace, elles constituent ainsi une véritable stratification. J'ai souvent remarqué dans les mois d'avril et de mai , sur les sommets des Vosges, que les neiges de l'hiver précédent, rassemblées sur les revers des montagnes, présentaient constamment une série de couches stratifiées dont le nombre était souvent de dix à douze, quelquefois plus. Dans les Alpes, dans les Pyrénées et dans la SierraNevada, cette structure stratifiée quand elle n'est pas

par trop oblitérée par la fonte, se retrouve dans les neiges des régions supérieures.

Les bandes bleues rubanées qu'on remarque à la surface et dans l'intérieur des glaciers, n'ont point de rapport avec la stratification proprement dite; elles

Des

bandes bleues.

proviennent de crevasses ou de fentes préalables qui se sont remplies d'eau et transformées ensuite en glace ; elle n'est point cellule use et fragmentaire comme la glace

des glaciers, elle est identique à la glace d'eau ordinaire, ce qui lui donne cette teinte bleue qui la caractérise. MM. Agassiz et Desor distinguent sept types de crevasses qui sillonnent la surface des glaciers

1° Crevasses marginales, qui ne se trouvent guère que sur les côtés des grands glaciers ; 2° Les crevasses en zig-zag, également propres aux régions riveraines ; 5° Les crevasses médianes, qui se forment spontanément avec détonation au milieu du glacier ; Lio Les crevasses d'escarpement, qui correspondent aux endroits les plus inclinés et donnent naissance aux aiguilles.

Des crevasses.