Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1857, série 5, volume 11)

5o8 Causes

des différences de texture.

CHEMINS DE FER D'ALLEMAGNE.

326. Les métallurgistes ne sont pas tout à fait d' accord

sur l'importance et la signification de la texture comme caractère différentiel. D'après les uns, le fer à nerf et le fer à grain constituent deux variétés bien distinctes la tendance à affecter l'un ou l'autre de ces états tient a certaines propriétés, non définies d'ailleurs, des minerais eux-mêmes; des artifices de fabrication et même jusqu'à un certain point le mode d'étirage peuvent, néanmoins, masquer cette tendance, et faire contracter au fer une structure, en quelque sorte forcée, plus ou moins différente de celle que lui assigne sa nature. Les autres, sans contester l'existence d'une prédisposition naturelle dans certains minerais, pensent que l'indifférence est le cas général, et qu'il n'y a pas de fonte qui ne puisse donner, par un traitement convenable au puddlage, soit du fer à nerf, soit du fer à grain ; les deux opinions admettent donc l'action des deux causes, mais elles leur font des parts très-inégales. Il est difficile de ne pas regarder l'influence du mode d'élaboration comme prédominante en présence de ce fait qu'on obtient, au puddlage, non-seulement du fer à grain, mais de véritable acier, et cela avec des fontes au coke (à Seraing, par exemple). .Quoi qu'il en soit, il y a généralement entre le fer à nerf et le fer à grain, provinssent-ils de la même fonte, des différences de propriétés et de composition qoi soulèvent contre l'association des deux fers des objections moins graves, sans doute, que celle du fer brut et du fer corroyé, mais de même nature. Le fer à grain proprement dit (bien distinct du fer cristallin) se soude à une plus basse température et plus facilement que le fer à nerf. Rien de mieux, dès lors, que de chercher à obtenir le champignon en fer à grain, car il sera à la fois dur et bien soudé; mais en joignant à cette condition celle d'une

ÉTABLISSEMENT DE LA VOIE.

RÉCEPTION DES RAILS. 509

structure fibreuse dans la région moyenne et inférieure, on compromet la soudure. Il est vrai que ceux même qui admettent, entre les deux états dont il s'agit, une différence essentielle, profonde, ne repoussent pas tous pour cela leur association : plusieurs praticiens pensent que si un fer à nerf et un fer à grain se soudent mal ensemble, c'est que l'un d'eux (si ce n'est tous deux) se soude mal sur luimême.

La soudure des deux fers est possible, sans contredit, mais elle est tout au moins difficile et suspecte dans les conditions de la fabrication des rails. Le fer à nerf demande une température assez élevée; le fer à grain redoute tout excès de chaleur; surchauffé, il se dénature

et passe à l'état de fer à gros grains, très-aigre. D'un autre côté, moins ductile que l'autre , il n'obéit pas aussi facilement à l'action du laminoir, et il s'y forme des gerçures.

Remarque 327. Si on s'en rapportait aux spécimens qui figurent dans les collections de produits sidérurgiques, l'associa- sur eexspsoPse:si.inen tion du fer à grain et du fer à nerf serait réalisée pour les rails de la manière la plus satisfaisante. On remarquait, par exemple, à l'exposition de Munich, en 1854, des rails provenant de l'usine de Maria-Witte, près Zwickau (Saxe), et dans lesquels le champignon était à grains fins et le pied à texture fibreuse tranchée, avec passage graduel de l'une à l'autre. Mais ces échantillons sont de rares exceptions, et non des types sincères d'une fabri-

cation maîtresse d'elle-même, invariable dans ses effets. Si la soudure était chose si facile on ne chercherait pas à tourner la difficulté, comme on l'a fait, par exemple, dans les usines du Phénix, dont les spécimens de rails américains ont

été justement remarqués à l'exposition de 1855. Le corps, parfaitement fibreux comme le pied, pénètre profondément dans