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Annales des Mines (1858, série 5, volume 14)

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SYSTÈME D'ÉCLISSES ESSAYÉ

et qui lui assurent une supériorité incontestable sur les coussinets de joint. Nous nous contenterons de faire ressortir l'économie considérable que son emploi amène dans l'entretien courant. Il resulte , en effet, des rapports semestriels de la compagnie du chemin de fer Eastern-Counties que la diminution des frais de maind'oeuvre due à son introduction a été de plus de moitié de la dépense faite primitivement avec le coussinet de joint ; qu'en outre, des traités d'entretien conclus en 1855 pour la ligne du Midland portent que les portions de voie clissées seront entretenues moyennant un prix annuel inférieur de 55 livres par mille, soit 785 livres par kilomètre, au prix payé sur les parties établies dans le système ordinaire. A côté de ces avantages considérables et constatés par une expérience décisive, l'éclisse présente un inconvénient grave et qu'on doit s'attacher à faire disparaître, ou du moins à atténuer le plus possible, si l'on veut que l'usage en devienne général. Cet inconvénient est le relâchement. Au bout d'un temps de service assez court, les éclisses prennent, par rapport au rail, sur

certaines lignes, un jeu qu'on ne peut détruire qu'en serrant de nouveau les écrous. Ce serrage renouvelé It

fréquemment augmente les dépenses d'entretien ; quand il n'est pas fait avec le plus grand soin, la voie se dégrade rapidement ; et enfin, à force de le répéter, les pas de vis des boulons et des écrous s'usent et se dé-

truisent réciproquement, et tout entretien devient impossible, à moins de changer les boulons, si ce n'est même les éclisses qui se sont ou voilées ou rompues. Ce relâchement des éclisses a été pendant longtemps et est même encore attribué par plusieurs personnes au desserrage des écrous occasionné lui-même par les vibrations que détermine le passage des trains. On a,

StR LA LIGNE DE NEVERS A ROANNE.

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en conséquence, proposé et appliqué divers moyens qui sont restés sans succès. On a essayé en Angleterre d'enduire les filets de l'écrou avec un mastic au minium ;

en Allemagne, on a ajouté sur quelques lignes un second écrou aux boulons : ces moyens ont échoué l'un et l'autre. Enfin on s'est avisé d'un moyen qui parais-

sait devoir être infaillible, on a substitué des rivets aux boulons (1). Le relâchement s'est encore fait sentir,

et a été d'autant plus fâcheux qu'on n'avait plus de moyens de le combattre. L'insuccès de ce dernier moyen démontre d'une manière évidente que le desserrage des écrous n'est pas la vraie ou du moins la seule cause du relâchement des éclisses.

Cette cause est complexe, et l'on peut, selon nous, l'attribuer à trois faits principaux i° Insuffisance de la section des éclisses ; 20 Insuffisance du nombre et du diamètre des boulons, ou mauvaise exécution des boulons ; 3° Insuffisance de l'étendue des surfaces de contact ménagées entre les rails et les éclisses. Admettons pour un moment l'existence réelle de ces trois faits (que nous allons nous attacher à démontrer par l'observation, par le calcul et par l'expérience), , quelles en seront les conséquences? Les éclisses étant trop faibles, les flèches prises par elles sous les charges résultant du passage des véhicules seront trop fortes et entraîneront la rapide dislocation de l'assemblage ; c'est là un fait général sur lequel il ne peut y avoir aucun doute, sans qu'il soit nécessaire d'analyser comment il se produit. Les boulons étant trop faibles ou trop peu nombreux, eu égard aux tensions qu'ils ont à subir, s'allongeront (i) sur la ligne allemande de Géra à Weissenfels.