Annales des Mines (1859, série 5, volume 15)
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l'action des vents et du soleil. Comme elles n'ont qu'une faible épaisseur, l'agitation superficielle se transmet à toute la masse liquide ; l'acide carbonique en excès se dégage, et les carbonates terreux se déposent. L'évaporation de l'été augmente ensuite la teneur en sulfate de chaux, au point que ce sel devient insoluble et se précipite alors sur le fond du lac. Lorsque les eaux sont devenues suffisamment concentrées, le
sel marin se précipite à son tour, et si l'évaporation peut se prolonger assez longtemps, on aura un dernier
dépôt où le sulfate de magnésie sera très-abondant. Lorsque les pluies de l'automne reviennent, elles redissolvent les couches de sel gemme et de sulfate de magnésie. Les affluents apportent de nouvelles quantités de chlorure de sodium, de carbonates terreux et de sulfate de chaux. Les sels terreux se déposent ensuite au-dessus des couches déjà formées, et le sel marin reste toujours à la surface. Telle est la série de phénomènes qui se passent annuellement dans les Zahrez et la plupart des lacs fermés et à fond plat de I' Algérie.
La présence d'une carapace diluvienne éminemment gypseuse, analyse n° 2 o , tableau D, dans la plaine qui
se trouve entre les deux Zahrez, vient à l'appui de cette manière de voir. Les dunes de sables qui règnent d'une manière conti-
nue d'un Zahrez à l'autre pourraient faire supposer qu'autrefois les deux Zahrez ne formaient qu' un seul et
même lac. Dans cette hypothèse, l'oued Melah aurait contribué à l'origine à l'alimentation de la vaste nappe d'eau salée couvrant le bassin géographique des Zahrez.
Lors de la retraite incomplète des eaux, l'oued Melah n'aurait plus servi qu'à l'alimentation du Zahrez Rharbi. Mais il n'en serait pas moins vsrai que le Zahrez Chergui
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contiendrait alors une quantité plus ou moins considé-
rable de sel marin venant du sel gemme du Djebel Sahari. Si l'on suppose de plus que, dans les premiers temps, l'oued Melah roulait une quantité de sel marin beaucoup plus considérable qu'aujourd'hui, on trouverait dans cette rivière seule la cause principale de la salure des deux Zahrez. Mais outre un accroissement dans la quantité de chlorure de sodium roulée par l'oued Melah, il faudrait encore admettre de grands changements dans le rapport du chlorure de sodium aux autres sels. Les analyses des eaux salées des tableaux A et B et les analyses de sel gemme du tableau C, montrent en effet que les sels étrangers au chlorure de sodium sont beaucoup plus considérables dans les eaux
salées des zabrez que dans les eaux salées et le sel gemme du djebel Sahari. Cela rend très-peu probable l'hypothèse de l'alimention principale des Zahrez par le lavage que l'oued Melah exerce sur le massif de sel gemme.
Nous avons rapproché les analyses des eaux salées des Zahrez et des eaux salées de la saline d'Arzeu et du sebkha d'Oran, non-seulement parce que toutes ces eaux ont des compositions analogues, sinon identiques, mais encore parce que les conditions géologiques et géographiques de ces salines ont la plus grande ressemblance. Ce sont des bassins fermés à fonds plats, très-
peu profonds, enclavés soit dans les terrains tertiaire supérieur et quaternaire (saline d'Arzeu), soit dans le terrain quaternaire (Zahrez, sebka d'Oran et les petits lacs salés qui environnent ce sebka)'. Or, dans notre mémoire intitulé : Recherches sur les roches, les eaux et les gîtes minéraux des provinces d'Alger et d' Oran, nous avons démontré que les salines de la province d'Oran sont alimentées par les eaux des pluies