Annales des Mines (1859, série 5, volume 16)
Page : Image 85
Révision de 12 févr. 2015 17:12:32, edited by Anonymes
15o
EXAMEN ET TRANSFORMATION
ressortir, en définitive,. une certaine économie sur les frais de traction, quand les conditions du trafic permettent de les faire marcher presque toujours à charge complète, il est constant que l'action de huit roues couplées solidaires, dont les diamètres ne sont jamais tous rigoureusement égaux, et procédant dès lors par glissements continuels, sous des charges très-considérables, est pour la voie une cause incessante de dégradation (1). Les ingénieurs du matériel se préoccupent peu de cette considération ; mais sur un chemin bien administré, elle devrait entrer en première ligne. On ne doit regretter qu'à demi la cherté des bandages de qualité supérieure. Les bandages médiocres sont aujourd'hui la seule sauvegarde des rails. C'est seulement lorsqu'ils s'usent et s'écrasent que le service du matériel reconnaît la nécessité de limiter la charge des roues (2).
Mais le mal peut être bien grave pour la voie avant d'être sensible pour les bandages : d'un côté, parce que ceux-ci sont en meilleur fer; de l'autre, parce que la partie n'est pas égale entre eux et les rails, placés Des expériences très-intéressantes, faites par M. Deloy au chemin de fer de Lyon sur la consommation des machines sans charge, ont mis en évidence l'influence très-aggravante de l'accouplement sur la résistance au mouvement. Cet excès de résistance provient évidemment, en grande partie, des glissements dus à l'égalité des vitesses angulaires avec des diamètres différents. C'est ainsi qu'une paire de galets a été intercalée après coup entre le premier et le deuxième essieu des machines à six roues couplées, livrées au chemin du Nord par le Creusot et au Nord-belge par l'usine de Seraing. Avant cette modification, imposée par l'écrasement des bandages, les essieux des roues antérieures portaient ià tonnes. La charge de la paire de galets est de 3 à, CL tonnes.
DES MACHINES ENGERTH A 8 ROUES COUPLÉES.
.151
dans des conditions de travail moléculaire bien plus défavorables. Quant au service de la voie, il accepte
la position qui lui est faite, et cherche à lutter par l'amélioration de la qualité des rails, par l'augmentation de leur poids ; les administrateurs, auxquels on présente un prix de revient de traction satisfaisant, n'en demandent pas davantage, et se résignent aux charges de l'entretien de la voie comme à un mal nécessaire. Sans doute, l'influence destructive de l'exagération de la charge par roue et de l'exagération du nombre des roues couplées n'a pas été et ne peut guère être appréciée exactement. La comparaison du renouvellement des rails sur des réseaux ou mieux sur des sections
d'un même réseau convenablement choisis, pourrait cependant conduire à quelques conséquences plausibles.
Revenons à la question, celle de la transformation des machines Engerth à huit roues couplées. A défaut du déplacement des essieux, il existe un moyen bien plus simple de reporter vers l'avant le centre
de gravité général, c'est l'emploi d'un lest. L'application d'un poids mort à une locomotive est certainement une mauvaise chose en soi-même. C'est toujours un replâtrage; mais si ce poids n'est qu'une très-faible fraction du poids total de l'appareil, et s'il améliore beaucoup là répartition, le mal est presque nul, et les avantages évidents. Cet expédient a été, en définitive, la seule solution pratique de la question si longtemps agitée de la transformation des machines-tender du chemin du Midi. Le service de ces machines était décidément intolérable à cause de la charge excessive que portaient les roues d'arrière, malgré l'in suffisance de l'approvisionnement d'eau, qu'il fallait compléter au moyen d'une caisse
Application
d'un lest à l'avant,