Annales des Mines (1860, série 5, volume 17)
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DU NORD ET DU PAS-DE HALAIS.
SITUATION COMMERCIALE DES HOUILLÈRES
la suppression complète des droits le leur permettrait à peine. Que vont donc faire les mines belges et françaises? Si elles maintiennent leur prix, c'est 400.000 à 5oo.000 tonnes environ qu'elles auront de moins à fournir. Le Pas-de-Calais à lui seul perdrait 00. 0 oo tonnes; avec une production de 55o. 000 tonnes il ne peut ac-
cepter une réduction semblable. 11 abaissera donc ses prix. Mais s'il les abaisse de t,So pour le ventes sur le littoral, il est moralement amené à le faire pondes
ventes à la fosse et pour toutes les ventes; c'est la moitié de son bénéfice qu'il perd, il cherchera donc un moyen ternie; au lieu de maintenir son chiffre de vente et de réduire son bénéfice par tonne de ff,8o, il préférera diminuer le premier nombre et ne pas abais-
ser autant le second; le produit des deux nombres sera plus grand ; nous présumons qu'une réduction de n franc par tonne sera pour lui la combinaison la plus avantageuse. Mais cette réduction opérée, à Lille et sur tous les autres points où il se trouve en concurrence avec les houilles de Mons, il aurait l'avantage. Mons, pressé par le Pas-de-Calais, repoussé par les houilles anglaises, agira de même ; Charleroi, le Centre
et le bassin de Valenciennes suivront forcément cet exemple.
Le bassin de Valenciennes, plus que tout autre, peut faire un sacrifice sur les quantités vendues au loin, car il a une vente à la campagne très-considérable; si pour conserver ces fournitures il fait une baisse importante, il ne trouvera pas dans le nombre d'unités vendues une compensation suffisante au sacri-
lice fait sur le bénéfice par unité de marchandises;
Mons et Charleroi
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qui expédient en France près de la
moitié de leur production, et qui n'ont point une consommation locale aussi forte, ont intérêt à faire un plus grand sacrifice sur le bénéfice à la tonne, un moindre sur le nombre de tonnes vendues ; il est donc possible que la baisse soit plus forte sur les charbons belges que sur les charbons de Valenciennes, mais elle le sera moins que sur les charbons du Pas-de-Calais, dont le production est faible encore et dont les débouchés les plus importants sont menacés.
Mais la situation sera changée quand le chemin des houillères du Pas-de-Calais sera terminé ; celle-ci expédiant alors à Paris et réagissant avec plus de force sur les houillères de Valenciennes et de Belgique, les obligeront à une nouvelle baisse qui nivellera les prix.
En résumé, la réduction de droit de i',8o sur les houilles anglaises aura pour effet immédiat d'amener une baisse de i franc sur les houilles de Belgique et de France et de leur enlever des ventes importantes. La suppression complète des droits sur les houilles anglaises aurait des effets bien autrement sensibles : le marché de Paris et les principaux marchés seraient atteints ; les houilles du Pas-de-Calais repoussées plus loin encore du littoral et obligées de se reporter vers
Lille et vers Paris; les réductions de prix devraient atteindre 2f,5o à 5 francs à la tonne. Enfin, si le droit sur les houilles belges était aussi supprimé, la Belgique retrouverait une partie des avan-
tages qu'elle aurait perdus; c'est Valenciennes et le Pas-de-Calais surtout qui souffriraient; Valenciennes aurait toujours la ressource d'une grande consommation locale, ressource qui est moindre pour le Pas-deCalais.
Voyons maintenant par quels moyens nos houillères