Annales des Mines (1860, série 5, volume 18)
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ORDRE STRATIGRAPHIQUE
ET CARACTÈRES PALÉONTOLOGIQUES.
voit à chaque pas des coupes naturelles de plusieurs centaines de mètres de hauteur, de multiplier des contournements parfaitement invisibles parce que leur inflexion inférieure est enfouie dans le sein de la terre où personne ne peut vérifier son existence et que leur inflexion supérieure a été si bien détruite par les érosions qu'il n'en reste pas la moindre trace (1) ? Une pareille doctrine, nous ne craignons pas de le dire, est extrêmement fâcheuse ; elle tend à faire descendre la géologie du rang de science positive, pour la ramener à ce qu'elle était autrefois, un assemblage de supposi-
tifs y verront un indice non équivoque de la faiblesse de leurs théories. L'impossibilité où l'on a été jusqu'à présent d'expliquer d'une manière satisfaisante par les bouleversements du sol les anomalies paléontologiques des Alpes, nous conduit à examiner quelles difficultés s'opposent à ce qu'on les considère comme des réalités. Elles se
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tions chimériques. Nous ne pouvons nous empêcher de signaler ici le vice de raisonnement dans lequel tombent les savants
qui ont recours aux hypothèses dont nous venons de parler. Ils commencent par établir en principe et par élever presque à la hauteur d'un axiome, que partout les faunes fossiles doivent se succéder dans le même ordre ; ils en concluent que les inversions qui ont été constatées, ne sont que des apparences dues à des bouleversements compliqués qui doivent être admis même quand on ne les voit pas; ils oublient que ce qui est en question, c'est la réalité ou, si l'on veut, la généralité de ce qu'ils ont appelé les lois de la paléontologie, et qu'il n'est pas permis de s'appuyer sur ces lois mêmes pour combattre les faits qui tendent à prouver qu'elles sont fausses. Ce défaut constant de logique chez des hommes la plupart recommandables par leurs vastes connaissances est digne de remarque. Les esprits atten(i) La liaison mutuelle intime des couches et leur défaut de symétrie, lorsqu'on les examine dans tous leurs détails, sont If
aussi des raisons pour ne pas admettre les plissements supposés, mais les auteurs de ces hypothèses n'y regardent pas de si près.
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réduisent à une seule. On se demande pourquoi de pareils faits ne s'observent pas ailleurs ; on objecte qu'il n'y a aucune raison pour que dans les Alpes les anciens êtres organisés n'aient pas suivi dans leur succession le même ordre que dans les pays dont la constitution paléontologique est bien connue, tels que les bassins de Paris et de Londres. Cette objection repose à notre avis sur une erreur. Il est d'abord inexact de dire que hors
des Alpes il n'y a pas d'anomalies. On en connaît au
contraire beaucoup et elles se multiplient tous les jours (1). Les Alpes offrent seulement cette particularité que les exceptions paléontologiques y sont beaucoup plus fréquentes et surtout plus graves. Mais cette particularité elle-même est susceptible d'une explication plausible. On sait que les formations alpines ont des caractères qui leur sont propres, que par leur com-
position minéralogique et leur puissance moyenne, elles s'écartent notablement des terrains contempo(e) Nous avons fait connaître quelques-uns de ces cas exceptionnels dans le Bullelin de la Société géologique de Fronce, tome Ili , page 56,2, année 1857. .Tout récemment, M. Casiano de Prado qui a le bon esprit de présenter les faits tels qu'il les a constatés sans s'inquiéter de leur accord avec les théories admises, a publié dans le même bulletin, tome 17, page 5a6, une coupe de laquelle il résulte que dans la province de Léon en Espagne, des schistes carbonifères sont intercalés dans le sein d'un terrain h fossiles dévoniens et qu'il en est de même d'un système peu épais de couches renfermant la faune prétendue primordiale de M. Barrande.
Raisons pour admettre des anomalies dans les Alpes.