Annales des Mines (1860, série 5, volume 18)
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AZOTE ET MATIÈRES ORGANIQUES.
microscopiques. Parmi ces derniers, les conferves et les infusoires méritent d'être mentionnés spécialement. Les conferves qui appartiennent à la classe des algues s'observent dans les eaux douces ou salées et dans les eaux minérales, même lorsqu'elles ont une température élevée. Les infusoires ont également une importance trèsgrau de, car ils se multiplient avec une rapidité extraordinaire, et comme l'ont signalé MM, Ehrenberg, Bailey, Pritchard, ils ont contribué d'une manière très-efficace à la formation des roches. Leur composition chimique est quaternaire comme celle des autres corps organisés. Les recherches de MM. Morren, Bineau, Wôhler, ont montré qu'ils exhalent de l'oxygène sous l'influence du soleil , et qu'ils décomposent l'acide carbonique. Ils se comportent donc comme les végétaux; aussi les infusoires paraissent-ils devoir être considérés presque tous, non pas comme des animaux, mais comme des végétaux se rapportant à des algues très-simples, les diatoma,cées. C'est notamment ce qui est très-vraisemblable pour ceux qui secrètent une carapace siliceuse. Quoi qu'il en soit, les infusoires se développent dans les eaux douces et dans les eaux salées. Ils abondent dans les eaux ferrugineuses qui déposent le minerai de fer des marais. Ils se développent encore dans des eaux contenant beaucoup d'hydrogène sulfuré, bien que ce gaz soit un poison énergique ; ils ont même été observés dans la mer Morte, dans laquelle il n'y a pas d'autres êtres organisés. Ils vivent dans un air contenant quelques centièmes d'acide carbonique. Ils sont disséminés dans l'atmosphère et ils se retrouvent jusque sur les hauts sommets des Alpes, particulièrement dans la neige rouge. Ils existent dans les plus grandes profondeurs de la mer et dans les couches élevées de l'atmosphère. Ils
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vivent non-seulement à la surface de la terre, mais même dans son intérieur; et aux environs de Berlin, dans un sous-sol poreux, ils se montrent jusqu'à 20 mètres de profondeur.
D'un autre côté, les infusoires résistent également au froid et à la chaleur. Car ils se développent sur les plus hautes montagnes, à des altitudes auxquelles tous les animaux et tous les végétaux ont disparu. Ils se retrouvent même dans les glaciers ainsi que dans les glaces du pôle nord et du pôle sud. Maintenant ils s'observent aussi dans le phonolithe, la ponce, le trass , la moya , les lapilli , les boues et les cendres volcaniques, c'est-à-dire dans des roches formées par les volcans. Les expériences de MM. Pasteur, Doyère, Pouchet, Gavarret font voir d'ailleurs qu'ils ne sont pas détruits dans l'air ou dans l'eau par une température de oo°, pourvu qu'elle ne se prolonge pas au delà de quelques minutes ; par conséquent, ils résistent aux températures les plus extrêmes. Certains animaux et végétaux microscopiques peuvent exister dans des conditions qui amèneraient la destruction des autres. En effet, des rotifères se sont ranimés après être restés quatre-vingt-deux jours dans le vide sec et après avoir été soumis à une température de loo° pendant une demi-heure. De même, les graines d'une moisissure qui altère le pain résistent à 1400 sans perdre la puissance de germer.
Enfin les recherches récentes de M. Pasteur sur la fermentation conduisent à des résultats qui sont encore beaucoup plus extraordinaires. Car les animaux et les végétaux microscopiques, qui prennent naissance dans
la fermentation, peuvent se développer même sans oxygène libre. Sous ce rapport, ils diffèrent complétement des animaux et des végétaux ordinaires qui vivent