Annales des Mines (1861, série 5, volume 20)
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120 L'emploi
de la houillecrue caractérise les
hauts fourneaux anglais.
L'emploi de la houille crue est par suite ce qui caractérise tout d'abord les hauts fourneaux anglais, et cette particularité, que l'on a souvent présentée comme
un avantage, est plutôt une fâcheuse nécessité. En France, nous pouvons presque partout utiliser le menu ; en Angleterre, on se voit contraint de le laisser dans les remblais, ou de le réduire en cendres à la sur-
face du sol. Il faut l'extrême richesse des houillères anglaises pour supporter de pareilles pertes.
Ce double fait de la fusion à la houille crue et du. bas prix du combustible a réagi sur les méthodes de carbonisation. En Angleterre, on a moins senti qu'en France et en Belgique le besoin de les perfectionner. Sous ce rapport, nos voisins n'ont fait réellement aucun
progrès depuis vingt-cinq ans. Les procédés décrits dans les voyages métallurgiques sont encore, pour la plupart, usités en Angleterre presque sans la moindre modification.
Dans le pays de Galles, le gros est carbonisé en meules longues rectangulaires ; dans le Staffordshire, en meules coniques avec tourelle centrale en briques. C'est la méthode ancienne, connue depuis longtemps, mais appliquée d'une façon moins générale qu'autrefois, à cause de l'emploi fréquent de la houille crue. Pourtant, dans toutes les usines où l'on cherche à produire des fontes et des fers de première qualité, on marche encore au coke (Pontypool , Blaenavon , Cyfarthfa , Lowmoor, usines de lord Ward , etc. ), et, pour les fers de qualité moyenne , on fait le plus souvent usage d'un mélange de bouille et de coke. La carbonisation du gros est une véritable
ee'Ulfurati",
EN ANGLETERRE.
ÉTAT PRÉSENT DE LA MÉTALLURGIE DU FER
Le but qu'on se propose, en carbonisant les houilles non collantes est, par suite, beaucoup moins la volatisation de l'élément gazeux de lahouille, qui Mue eu
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général peu la marche des hauts fourneaux, que l'élimination du soufre des pyrites. C'est une désulfuration bien plutôt qu'une carbonisation proprement dite, et c'est bien ainsi que se nommait originairement la fabrication du coke en Angleterre. La fusion exclusive à la houille crue n'est, au reste, généralement adop-
tée qu'en Écosse, où les fontes sont au moins en partie, par ce motif, peu tenaces et les fers de qualité médiocre.
La carbonisation en meules est également appliquée
au menu demi-gros ou à un mélange de menu et de houille en morceaux. On se sert alors de meules prépa-
rées entre deux murs parallèles percés d'ouvreaux, dans le genre des méthodes jadis employées au Creusot
et à la Grand'-Combe. Nous avons vu appliquer ce mode de carbonisation à Pontypool et à Abersychan dans le pays de Galles, et à Shelton dans le Staffordsbire. Les murs ont 2',20 à 2"',5o de hauteur, et sont à 5 mètres de distance l'un de l'autre. Le sol de la meule est dallé, et dans l'épaisseur des murs se trouvent, outre les ouvreaux, pour l'admission de l'air, des
cheminées de tirage verticales. Le gros charbon est placé au fond, voûté en galeries en face des ouvreaux, le menu tassé par-dessus. A Newcastle, où le charbon est généralement collant, on a longtemps carbonisé le gros dans des fours voûtés de diverses sortes (Voyages métallurgiques, t. I, p. 254). Cette méthode tend à disparaître depuis que M. Bérard a fait connaître en Angleterre sa machine à laver. Dans les districts dont les charbons sont collants, la carbonisation du menu se substitue peu à peu à celle du gros. Les fours employés sont semblables à ceux de la Loire, c'est-à-dire, les uns ronds ou rectangulaires à une seule porte, les autres rectangulaires ou ovoïdes à deux porte,