Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)
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RAPPORT AU MINISTRE
Si l'emploi de la houille dans les machines à marchandises soulève des plaintes fondées, que dire des lignes sur lesquelles des houilles excessivement fumeuses sont également affectées aucun moyen préservatif, au service
des voyageurs ? Ici il y a parfois en quelque sorte force majeure, car les houilles les plus fumeuses sont souvent en même temps très-peu propres à la fabrication du coke; le rendement et la qualité sont également médiocres ; mais si l'emploi de la houille est alors presque de force majeure,
on ne peut admettre qu'il en soit de même de la production d'une fumée, sauvent insupportable, surtout en été, lorsque les voyageurs doivent tenir les glaces ouvertes sous peine d'étouffer.
On peut sans doute, citer des cas dans lesquels tout le monde, administration et voyageurs, accepte avec une égale. résignation une situation presque aussi mauvaise. Ce n'est pes sans surprise qu'on voit, par exemple,. les machines qui font le service de Kehl à Bade, clégager,- même pendant la belle
saison, des torrents de fumée. Elles brillent en effet de la houille de la Ruhr, non moins fumeuse que celle de Saarbrücke, et on ne prend, jusqu'à présent, presque aucune précaution pour atténuer un inconvénient -auquel la. patience allemande se résigne, tant, bien que mal, mais difficilement accepté par les nombreux étrangers qui circulent sur cette ligne.
Appareils déjà essayés. -Depuis que la question de la fumivorité des locomotives est à l'étude, en France et en Angleterre, on a proposé et essayé une foule de dispositions plus ou moins efficaces. Je n'ai pas à les décrire, d'autant
moins qu'aucune d'elles, jusqu'ici, n'avait résolu l dculté pour les houilles vraiment huileuses. L'esprit pratique des Anglais n'a pas été dans cette circonstance, aussi bien inspiré qu'il l'est d'ordinaire en présence des problèmes de pure application. La plupart des artifices imaginés par les ingénieurs d'outre-Manche,, sont ou d'une e unicité mé-
SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.
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diocre, ou d'une complication qui suffirait pour les faire rejeter (*). Appareil Duméry. - Parmi les conceptions qui ont pris naissance en France, une seule, jusqu'à ces derniers temps, avait fixé l'attention, et paru résoudre le problème : c'est celle de M. Duméry, réalisée d'abord sur des foyers fixes et transportée ensuite sur les locomotives. Des essais prolongés faits sur le chemin de l'Est ont constaté l'efficacité de l'appareil en ce qui concerne la fumivorité. Mais ils ont constaté aussi ce fait 'grave, que la suppression de la fumée est obtenue aux dépens de la puissance de la chaudière, qui produit moins de vapeur, tout en consommant plus de combustible. Résultats qui n'ont rien de contradictoire, car l'absence
de la fumée n'implique nullement, surtout dans l'appareil dont il s'agit, une combustion complète, les gaz pouvant être imparfaitement brûlés; l'accès d'air, suffisant au niveau où la fumée pourrait se former, dans le charbon nouvellement introduit, ne l'est point aux niveaux supérieurs. Les distributeurs, sans parler de leur complication, accumulent la houille contre les parois latérales du foyer, sur une épaisseur telle que l'air ne peut y pénétrer qu'avec peine, tandis
qu'il arrive en excès sur la grille centrale, à peine garnie de combustible. Le mécanicien de la machine m mm de l'Est, sur laquelle les essais continuaient encore il y a quelques mois, n'avait réussi à combattre tant bien que mal ce grave inconvénient qu'en ramenant très-fréquemment la houille, au moyen d'une fourche recourbée, des côtés vers le centre. Souvent même, on chargeait directement par la porte, ce qui est la négation du principe de l'appareil. En un mot, on ne réussissait à obtenir de celui-ci un service passable qu'en se rapprochant beaucoup du mode de conduite du foyer ordinaire, et même avec beaucoup plus de peine et de soins. Sans condamner définitivement le prin(*) Voir la note A, à la fin de ce rapport.