Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)
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RAPPORT AU MINISTRE
importance économique. Ce qu'il s'agit de brûler, non-seulement sans fumée, mais aussi sans difficulté, sans affecter la régularité du service, ce n'est pas du charbon gros ou de l'aggloméré, c'est du tout-venant. Ce problème, la compagnie ne s'est jamais flattée de le résoudre
par de simples soins dans la conduite du feu. Leur influence est grande sans doute, mais elle n'irait pas jusque-là. On peut demander beaucoup aux mécaniciens, surtout en les intéressant au succès, mais il ne faut pas leur demander l'impossible. C'est surtout parce que la compagnie a entrevu une solution dans le foyer Tellbrinck que ce système, conçu seulement en vue de la fumivorité
avec le charbon gros, a fixé son attention. Si cet espoir se réalise, et tout indique qu'il se réalisera, l'auteur, comme cela arrive parfois, aura trouvé plus qu'il ne cherchait.
Détails sur l'emploi de tout-venant. L'importance des. essais faits dans ce but est frappante. La question de l'emploi des menus, sinon seuls, du moins mêlés au gros, n'est
pas un côté secondaire de la question de l'emploi de la houille, c'est pour ainsi dire la question elle-même ; il est. donc nécessaire d'exposer avec quelques détails la situation actuelle de l'expérience. Une machine à roues libres (no 16, la ville de Saint-Avold) pourvue du foyer Tenbrinck, fait régulièrement le service des voyageurs entre Nancy et Forbach. Elle brûle constamment du tout-venant depuis le 8 juillet dernier.. Il est arrivé seulement quelquefois, lorsque le temps était trop contraire, que le mécanicien n'a pas osé s'aventu-
rer avec un combustible moins traitable que le gros, et avec lequel d'ailleurs il n'était pas encore parfaitement familiarisé. Il prenait alors de la houille qu'il avait triée luimême.
La conduite du feu, nécessairement un peu plus assujeLtissante qu'avec le gros, ne présente pas cependant de diffiCuités sérieuses ; le principal, pour ne pas dire le seul in-
convénient, consiste dans l'abondance du mâchefer que le mécanicien doit s'attacher à rendre moins gênant, jusqu'à ce qu'il puisse s'en débarrasser. Au premier indice d'abais-
SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.
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sen-tent de la pression, il décrasse la grille inclinée en refoulant autant que possible le mâchefer vers la plaque tubulaire ;
la grille horizontale se recouvre ainsi d'un gâteau qu'on enlève ensuite sur la fosse à piquer. En somme, le service se fait régulièrement depuis six mois, entre Nancy et Forbach, à condition d'enlever à Metz le gâteau inférieur de mâchefer, et d'y compléter le décrassage de la grille inclinée. On peu.t donc regarder comme un fait, acquis l'emploi normal du tout-venant de Saarbrâcke, dans le foyer Tenbrinck,
pour un parcours de 126 kil., avec un arrêt à moitié chemin environ pour piquer complètement le feu. La machine n° 91 fait également avec du tout-venant le service des voyageurs sur la ligne d'Épinal; elle donne lieu aux mêmes observations.
Le succès complet ne paraîtra donc pas douteux, surtout si l'on se reporte à l'époque où l'emploi de la houille en morceaux, reconnu si facile aujourd'hui, était réputé presque impossible. Il y a moins loin du gros au tout-venant
que du coke à la houille, et les mécaniciens ne tarderont pas à se former la main. Comme exemple d'un de ces expédients que suggère la pratique, mais qui serait difficilement appliqué dans le cas dont je m'occupe, j'indiquerai la méthode adoptée sur le chemin de Lyon par les mécaniciens qui marchent à la houille (briquettes). Ils ont à peu près renoncé à piquer le feu sur les fosses ; la faible épaisseur du combustible ne leur permettant de décrasser la grille que par le dessus,
ils rassemblent le mâchefer et l'enlèvent, par la porte, au moyen d'une sorte de fourche recourbée dont ils se sont munis d'eux-mêmes.
Quant à la fumée, on est à cet égard exactement dans les mêmes conditions avec le tout-venant de Saarbracke
qu'avec le gros, c'est-à-dire que la fumée est presque constamment nulle. Reste le tamisage. On conçoit que la formation du mâ-
chefer tend à l'atténuer, surtout dans la région inférieure du foyer.; pour l'empêcher dans la partie supérieure, on