Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)
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AU FOUR A RÉVERBÈRE.
FUSION DE L ACIER
20 Si le laitier exerçait une action corrosive sur les creusets.
Les laitiers à essayer consistaient en débris de verre à bouteille , et en un lot de laitiers choisis provenant des hauts fourneaux au charbon de bois de Couvin (Belgique), qui produisent des fontes de fer fort justement renommées. Les essais furent exécutés du 29 novembre au 4 décembre, avec de très-grandes difficultés provenant de la mauvaise qualité du coke, et probablement aussi des creusets qui, fabriqués depuis deux ans et conservés sans les précautions nécessaires, avaient pris une humidité dont il était presque impossible de les débarrasser sans les faire éclater. La plupart de ceux qui résistèrent à la recuite se percèrent pendant la fusion ou furent empâtés à leur partie inférieure par les scories du coke , en sorte qu'on ne put les arracher
de la cuve qu'en les brisant et en perdant l'acier qu'ils contenaient. Cependant, on parvint à couler quelques lingots, notamment d'acier de limes, fondu seul et avec addition de verre. Ces limes avaient été choisies avec soin parmi les moins oxydées et les plus belles d'aspect. On les avait cassées au marteau par le milieu, et l'on avait formé des deux moitiés deux lots d'une composition parfaitement identique. Toutes les limes qui cassaient mal oui présentaient un mauvais grain avaient été rejetées. Des deux lots semblables, l'un était fondu à creuset nu, sans aucune addition, l'autre en ajoutant du verre pilé ou un mélange de verre et de chaux, de manière à remplir les interstices des morceaux d'acier. Les quelques lingots d'acier de limes similaires que l'on put sauver furent soumis au laminage, entre les cylindres ébaucheurs du gros train à fers marchands, convenablement ralentis et desserrés. Ils se comportèrent également bien, s'étirant sans criques ni pailles, bien que les cylindres fussent très-mal disposés pour le laminage de l'acier. On fit forger des burins avec une barre laminée d'acier de limes
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fondu sans addition, et avec une barre du même acier fondu dans un bain de verre à bouteille. Ces burins résistèrent également bien à toutes les épreuves. Un lingot fondu avec un mélange de. verre et de chaux donna les mémés ré-
sultats. De ces essais, nous conclûmes que l'addition du verre n'exerçait aucune action nuisible sur l'acier. De plus,
l'examen des creusets qui avaient servi à la fusion nous convainquit que le verre seul ne corrodait nullement ces creusets, et que le verre additionné de chaux ne les rongeait
que très-faiblement. C'étaient là des résultats importants et complètement favorables au futur succès de la fusion des
aciers dans le four à réverbère sous un bain de silicates à bases multiples. On crut encore pouvoir conclure de ces essais que les limes sur lesquelles on comptait opérer en grand étaient de bonne qualité et donneraient des lingots susceptibles d'être bien forgés.
Les essais d'acier puddlé n'ont pas réussi, les creusets se perçant avant la coulée ou se brisant quand on les arrachait. On n'a pu obtenir qu'un lingot d'acier puddlé fUndu sans addition ( provenant de fonte envoy). Ce lingot s'est bien comporté au laminage. Les seules conclusions que l'on ait pu tirer de ces essais sont 2.° Que la fusion paraissait s'accomplir plus facilement dans les creusets contenant du verre que dans les creusets qui ne renfermaient que de l'acier, celui-ci se décarburant toujours un peu, malgré le couvercle placé sur le creuset ; 2° Que les aciers puddlés fabriqués à Montataire, bien qu'on eût choisi les plus carburés, étaient néanmoins tellement mélangés de zones ferreuses que la fusion, sans addition de matières carburantes, en paraissait impossible industriellement. Cependant, comme le mauvais succès de ces essais de fusion au creuset pouvait n'être que la conséquence de la mauvaise qualité du coke employé, et comme il était d'ail-Toi« I, 1862.