Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)
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FUSION DE L'ACIER
A Io' 1/4, MM. le colonel Treuille de Beaulieu et le capitaine Caron arrivèrent accompagnés de M. H. Sainte-Claire Deville , qui avait bien voulu se joindre à eux. Ces Mes-
sieurs examinèrent en détail le four de fusion, les fours d'essai au creuset, et les produits des opérations précédentes. Ils étudièrent les cassures du premier lingot et reconnurent aussi dans la zone bulleuse extérieure, un phénomène accidentel dû à l'action de la coquille, niais étranger
au mode de fusion. On leur montra également les aciers fondus au creuset comme terme de comparaison, et ils con-
statèrent l'identité de qualité entre ceux qui avaient été fondus sans addition et ceux qui l'avaient été avec du verre ou du laitier de haut fourneau. Cependant, on continuait à pousser le chauffage du four
de fusion, auquel le vent était donné depuis 81,45. Vers midi, l'acier commençait à être fondu ; mais il paraissait encore grumeleux sur les baguettes de fer que l'on y plongeait, tandis que lorsque la fusion est complète, l'enveloppe d'acier qui s'attache à la baguette doit être unie, sans bulles ni grumeaux. La chaleur nous paraissait moins intense que d'ordinaire dans le four. M. Sainte-Claire Deville, qui examina la température des diverses parties de
l'appareil avec la haute expérience qu'il possède en pareille matière, remarqua que la chaleur était plus élevée dans le rampant que dans le four, et que même, au delà des deux cornues, à 3 mètres du petit autel, la nappe de flamme que l'on pouvait observer à travers la fente du registre, conservait une température supérieure à celle de la fusion de l'acier. On voyait, en effet, même à ce point, des stalactites de briques fondues, comme à la voûte du four. De tous ces faits, M. Sainte-Claire Devine conclut que le point de plus active combustion, ou « le coup de chalumeau » se trouvait à l'extrémité de la sole, et peut-être beaucoup au delà; que cette sole pouvait et devait être notablement allongée pour mieux utiliser le combustible
AU FOUR A RÉVERBÈRE.
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enfin, qu'il y aurait lieu d'augmenter l'épaisseur du grand autel, que ce savant trouva beaucoup trop faible, et cela avec raison, comme nous eûmes occasion de le reconnaître le jour même. M. Deville conseilla d'employer des autels d'une épaisseur double ou triple , et exprima l'opinion que l'on trouverait des matériaux assez réfractaires pour résister deux ou trois semaines, sauf à employer des terres autres que celles d'Andennes, qu'il considère comme inférieures aux argiles de Forges et à quelques autres. A une heure après midi , la fusion de l'acier paraissait
complète. On disposa tout pour la coulée. Le système adopté était différent du précédent. Une fosse avait été pratiquée devant l'embrasure de coulée, et l'on y avait placé l'une des lingotières cylindro-coniques , de manière à pouvoir y superposer la poche à quenouille, et à couler sans enlever celle-ci à la grue. La poche fut disposée au-dessus de la lingotière, de manière que la soupape correspondît bien au centre de l'orifice de celle-ci. Le trou de coulée fut percé à une heure et un quart, et l'acier jaillit en un jet blanc éblouissant et lançant d'assez nombreuses étincelles. On laissa couler un
peu de laitier par-dessus, et le bouchage fut opéré sans difficulté, l'entrée du canal de coulée ayant été à cet effet évasé par en haut jusqu'à cinq centimètres du fond. La soupape de la poche fut immédiatement levée, et la coulée s'opéra régulièrement de la poche dans la lingotière, sans aucun accident. On laissa le laitier couler en partie pardessus l'acier, pour prévenir leboursouflement de celui-ci. La poche vide fut rapidement enlevée à la grue, et un obturateur en fer fut en outre placé sur l'orifice de la lingotière. Toutes ces opérations eurent lieu en présence de MM. le
colonel Treuille de Beaulieu, le capitaine Caron et SainteClaire Deville, qui voulurent bien exprimer leur satisfaction de ce résultat.