Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)
Page : Image 155
Révision de 6 mars 2015 18:29:57, edited by Anonymes
FUSION DE L'ACIER
AU FOUR A RÉVERBÈRE.
7 à 800 kil. de métal. Nous n'avions que peu de matières offrant les caractères d'acier susceptible d'être fondu, et nous tenions à les ménager pour marcher le plus longtemps possible. A trois heures et demie, après 5 heures de feu, l'acier paraissait fondu depuis quelque temps déjà; mais on n'en trouvait pas sur la sole l'épaisseur à laquelle on devait s'attendre, et l'on sentait toujours des obstacles du côté du trou de coulée. La continuation du chauffage n'ayant amené aucun changement, on fit percer à quatre heures et demie. On éprouva quelque difficulté à obtenir le jet d'acier, et il fallut repousser avec le ringard des corps demi-pâteux qui obstruaient le trou de coulée.
à cette température. Trempé au blanc, il ne prit pas la trempe, ne durcit pas le moins du monde, et se laissa plier et contourner à froid sans se rompre. Évidemment les carcas ne se composaient que de fer excessivement doux, et, comme tel, infusible aux températures produites dans les foyers métallurgiques. Ce résultat était dû à l'imparfaite fabrication de l'acier employé, acier dont une partie, surtout l'extérieur des barres , n'était que du fer. D'un autre côté, nous croyons que les dimensions assez consi-
288
1111.
On obtint deux lingots pesant
i8
Acier versé par terre en coulant les lingots et fond de poche
96
Total
3'4
Comme on avait chargé 425 kil., il s'en fallait de ii1 kil.
que l'on eût retrouvé la totalité de la mise, outre les 244 kil. qui restaient encore de la première charge. Pour trouver la raison de ce déficit, nous fîmes sonder le bain avec beaucoup de soin par un puddleur habile, et nous acquîmes la certitude qu'il était resté sur la sole des carcas ferreux. Il en existait principalement le long des parois ver-
ticales du four, et au fond de la sole, aux environs du trou de coulée. lin travaillant avec un ringard pointu et des crochets, nous parvînmes à extraire un de ces carcas, pesant environ 25 kil. On y reconnaissait la forme des plaques chargées ; mais ces plaques avaient subi une véritable liquation. Toute la partie aciéreuse s'était fondue et écoulée, et il était resté une enveloppe paraissant purement ferreuse. Pour nous assurer de la nature de ces carcas, nous
en fîmes forger un morceau à la petite forge, au blanc souciant. Il souda parfaitement, s'étira sous toutes formes
289
dérables des plaques chargées dans le four avaient pu contribuer à réduire encore la quantité de métal entré en fusion. En effet, ces plaques, après avoir laissé liquater toute leur partie aciéreuse , formaient de grands carcas qui se
soudaient et s'arc-boutaient entre eux, de sorte qu'ils ne pouvaient baigner dans l'acier déjà liquéfié, aux dépens duquel ils se seraient, du moins en partie, carburés et fondus. Néanmoins, il est évident que les matières métalliques soumises à la fusion manquaient de carburation et d'homogénéité, et que l'on n'aurait pas éprouvé les mêmes inconvénients avec des aciers d'une fabrication plus régulière.
Il eût été presque impossible d'arracher les carcas restés dans le four. Nous pensâmes que nous parviendrions à les dissoudre en les mettant, à la haute température du four, en présence de fonte très-grise, qui carburerait la masse ferreuse et la rendrait fusible. En conséquence, après que la grille eut été nettoyée, nous fîmes charger le 7, à sept heures du soir, 41 o kil. de fonte d'Ivoy en gueuses, trèsgrise. Cette fonte entra en fusion sous le laitier avec une extrême rapidité. Nous fîmes pousser le feu jusqu'à dix heures du soir. A ce moment il nous sembla reconnaître, en sondant, que/es carcas avaient beaucoup diminué, sinon complètement disparu. Nous fîmes faire la coulée, mais, à notre grande surprise, au lieu d'obtenir un notable excédant sur la fonte chargée, nous ne recueillîmes en lingots