Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)
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ÉTAT PRÉSENT DE LA MÉTALLURGIE DU FER
EN ANGLETERRE.
quarante-cinq qu'il faut compter pour 10. 000 tonnes, c'est-
tous les districts anglais. Aussi les frais généraux, en dehors des intérêts de capitaux, déjà fort diminués par des productions considérables, sont-ils ramenés à leur plus simple expression par la réduction du personnel supérieur. Cette réduction tient, en ce qui concerne les forges, au mode de distribution de travail dans les ateliers. Distribution du travail à l'entreprise. - Chaque catégo-
à-dire 5o tonnes par ouvrier et par an, au lieu de 65. En second lieu, les forges françaises qui, suivant les mêmes auteurs, produisaient seulement 23 tonnes par homme, fabriquaient-elles les mêmes produits que la forge galloise à laquelle on les compare? En tous cas, les forges françaises nouvellement construites, n'avaient alors certainement ni l'assiette ni la continuité de roulement des établissements anglais. Mais, raisonnant sur l'époque actuelle, nous pourrions citer des usines françaises où chaque homme donne aujourd'hui de 5o à 35 tonnes environ de produits à peu près semblables à ceux de la forge du Staffordshire qui nous sert d'exemple. Et ce ne sont ni les mieux outillées ni les plus assurées de commandes régulières. Le jour où, spécialisant
leur travail, elles fonctionneraient à plein roulement, la différence qui les sépare des forges anglaises serait vite rachetée et nos ouvriers cesseraient d'être réputés inférieurs à ceux d'Angleterre.
Observons encore, à l'appui de ce que nous avons dit ailleurs (1), que cette différence dans les productions spécifiques des deux pays correspond à très-peu près à la différence des salaires. On a ainsi la mesure exacte de l'influence du manque de régularité dans le roulement de nos forges : il y annule le bénéfice de l'infériorité des salaires. Dans presque tous les prix de revient que nous rapporterons bientôt, on constatera en effet que les frais définitifs de main-d'oeuvre par tonne de fers finis sont, chez nos voisins, à peu près les mêmes que chez nous. Consistance du personnel de direction. - La consistance
du personnel de la direction et des bureaux mérite une attention particulière. Ce n'est pas un fait isolé ou spécial aux forges de Staffordshire ; on le retrouve dans presque (i) Première partie de ce travail, chap. H main-d'oeuvre.
rie de travaux se donne non pas à prix fait, mais, plus exactement, à l'entreprise, à un chef ouvrier qui, arrêtant lui-même le nombre et le choix de ses aides, fixe égale-
ment la journée de chacun d'eux. C'est, en réalité, un maître, aidé d'apprentis, auquel on fournit les outils et les matières premières à pied-d'ceuvre ; un entrepreneur dont l'intérêt, conforme à celui du maître de forge, est engagé à la rapidité et à la perfection du travail (1). Cette organisation du travail réduit singulièrement le nombre des ouvriers qui dépendent de la surveillance du manager ou du contre-maître. La comptabilité de la maind'oeuvre en est par suite extrêmement simplifiée. D'un autre côté, les comptes-matières eux-mêmes ne comportent que le strict nécessaire. L'arrivage général des ma-
tières premières par canaux et chemins de fer et les pesages préalables qu'il exige abrègent le contrôle d'entrée dans l'usine. Les livres de fabrication n'offrent que fort rarement ces divisions. par catégories de produits qu'on observe ailleurs. C'est aux chefs ouvriers ou aux contremaîtres qu'il faut demander les détails des produits et consommations de chaque nature de travail. C'est également au chef maçon ou au chef mécanicien qu'il faut s'adresser pour connaître le profil d'un fourneau ou les dimensions d'une machine. (L) 11 semble y avoir là comme un souvenir du compagnonage qui ne laisse pas d'offrir un certain intérêt dans un pays de grandes manufactures comme l'Angleterre.