Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1862, série 6, volume 1)

456

EN ANGLETERRE.

ÉTAT PRÉSENT DE LA MÉTALLURGIE DU FER

croissante du marché extérieur n'a point produit en Galles

les effets regrettables que nous avons observés dans le Staffordshire. Nous avons pu constater, par le nombre des établissements en chômage lors de notre voyage, que les maîtres de forges du premier district préfèrent l'arrêt 'absolu au roulement chanceux des périodes de crises. Influence de l'instabilité du marché sur la qualité des proIl est cependant un fait commun aux rails et aux duits. fers marchands, plus marqué même pour les premiers que

pour les seconds : les circonstances dont il vient d'être question, en réduisant les bénéfices des fabricants, ont provoqué une dépréciation rapide dans la qualité des produits.

Sur la plupart des listes de prix on voit aujourd'hui les

rails cotés à un taux inférieur à celui des barres marchandes. C'est même un fait assez constant depuis trois ou

quatre ans, et qui certainement ne s'explique ni par l'indépendance qui existe naturellement entre les marchés des 'rails du commerce et des fers marchands , ni par les pro-

grès de la fabrication. A ce dernier égard, il est certain qu'à égalité de qualité dans les matières premières, des fers profilés , sujets à des rebuts et des déchets élevés doivent revenir plus cher que de simples barres f Aussi comprend-on bien qu'au début de cette industrie les prix des rails fussent Majorés, par rapport à ceux des fers marchands, de 5 à io sin et même 15 à so sh, par tonne. Mais par contre , on s'expliquerait mal que cet écart fût annulé ou même renversé, si l'on n'admettait pas que cela tient à peu près exclusivement à l'emploi de matières premières inférieures. Sauf ces réserves , si l'on veut estimer les bénéfices de la fabrication des rails , on peut admettre les prix de vente figurés sur notre tableau graphique du cours des fers marchands (troisième partie). Il faut seulement les réduire de o sh. environ pour tenir compte de la différence de qua-

45'y

lité des barres de Galles avec celles du Staffordshire , auxquelles se rapporte principalement ce tableau. Bénéfices des maîtres de forges gallois à diverses époques.

Considérant seulement les années pour lesquelles nous avons pu nous procurer les prix de revient, voici ce qu'on peut conclure de la comparaison des prix de revient et de vente.

La forge qui vendait, en i843, 4 liv. à 4 liv. Io sh. des .rails qui lui revenaient à 5 liv. i 5 sh., n'obtenait pas un produit supérieur à celui que sa voisine réalisait en 1855 en livrant à 7 liv. ou 7 liv. 10 sh. des rails coûtant 6 liv. ou 6 liv. io sh. Dans les deux cas, le produit oscillait entre io et so sh. par tonne de .oi5 kil. Mais à ce compte, si l'on considère que la production totale de 1845 était probablement inférieure à celle de i 855, on conclura que la modicité du prix de revient dans le premier cas n'est point un signe de prospérité. Au contraire, grâce à une certaine constance que les variations du taux des salaires permettaient de maintenir dans l'écart des prix de revient et de vente, au coût le plus élevé correspondait généralement un travail à plein roulement; aveé un produit net, en définitive assez réduit de 10 à so sh, par tonne , le produit total d'une de ces vastes forges galloises devenait tout de suite un chiffre considérable. Sans travailler pour stock en produits finis, ceux de ces établissements, qui disposaient de capitaux suffisants, profi-

taient des baisses de salaires pour préparer .des fontes et des fers bruts, à élaborer définitivement pour rails aux mo-

ments de reprise commerciale, et augmentaient notablement par là la somme de leurs bénéfices. Depuis 1857-58, cette façon de procéder est devenue de plus en plus difficile ; les prix de vente sont successivement descendus de 7 à 6 liv., et même à 5 liv. 10 sh. ou 5 liv.

sh. en juin 186o , sans que les maîtres de forgeaient. pu obtenir, comme par le passé, des réductions propor12