Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1862, série 6, volume 2)

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EXPLOITATION DE L'HUILE MINÉRALE

Les résultats obtenus à Gaspé ont été presque nuls jusqu'à présent. Le pétrole paraît venir des étages inférieurs de la formation silurienne ; il a été trouvé dans le voisinage d'un dyke de greenstone qui a produit un pli dans la stratification des roches neptuniennes. Les sources d'huile semblent correspondre aux ondulations du terrain ; plusieurs s'annoncent comme devant être abondantes, mais il n'y a pas eu de travaux sérieux entrepris sur aucune d'elles. Dans le haut Canada, où l'esprit d'entreprise et de spéculation est plus développé, la fièvre d'huile a pris au con-

traire une grande intensité. Le comté de Lambton , au milieu duquel elle a éclaté, s'appuie à l'ouest stir la rivière Saint-Clair et au nord sur le lac Huron ; il est traversé dans sa partie septentrionale par deux lignes de chemins de fer, le Grand-Tronc et le Great-Western, qui viennent toutes les deux aboutir à Port-Sarnia. Les gisements de pétrole sont situés à peu près au centre du comté, dans le canton (Township) d'Enniskillen. La station de railway. la plus voisine des exploitations est celle de Wyoming sur le GreatWestern. On compte environ 27 kilomètres de Wyoming aux principaux puits : cette distance sera prochainement franchie à la vapeur ; la compagnie du Great-Western fait actuellement étudier le terrain avec l'intention d'y établir une voie ferrée.

Les sources d'huile minérale sont d'ailleurs distribuées dans la vallée du Bear-Creek, petite rivière qui se jette dans le lac Saint-Clair; elles étaient connues des Indiens et des Français qui ont colonisé le pays. On a dernièrement retrouvé les traces de travaux auxquels on attribue une origine fort ancienne. Ce n'est pourtant qu'en 185o que M. Murray, l'un des géologues provinciaux, a signalé l'existence du pétrole dans le canton d'Enniskillen ; il s'est même

peu étendu sur cette découverte et s'est attaché surtout à décrire un dépôt de bitume solide, couvrant, dans le voisi-

nage des sources, une surface de plus d'un demi-acre

DANS L'AMÉRIQUE DU NORD.

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(0hect,202) et atteignant en quelques endroits une épaisseur

de om,65. L'attention des spéculateurs fut naturellement éveillée par les observations de M. Murray. Dès 1855, la vallée du Bear-Creek devint le théâtre de recherches qui aboutirent, en 1857, à la formation d'une compagnie, organisée par M. W. M. Williams, d'Hamilton, en vue d'exploiter les bitumes solides d'Enniskillen. On ne tarda pas à s'apercevoir, en pénétrant au-dessous . de ces bitumes, que les argiles sur lesquelles ils reposaient recelaient des dépôts de pétrole ou bitume liquide plus facile à distiller. On se mit en conséquence à creuser des puits partout. Dès le mois de décembre 186o, il y en avait plus de cent ouverts. A cette époque, on estimait à 5oo ou LFoo.000 gallons

(10.90o à i4.5oo hectolitres) la quantité d'huile minérale déjà extraite. La profondeur des puits variait de 15

à 39 mètres, et le pétrole qui en provenait offrait les mêmes différences de couleur et de densité que celui de Pensylvanie. Les communications entre les exploitations et la station de Wyoming étaient alors très-mauvaises ; il n'y avait pour ainsi dire pas de route praticable, et l'huile brute, transportée au dépôt de chemin de fer du GreatWestern, y valait 0f,75 environ le gallon (3"',63). Le raffinage de ces matières s'effectuait partie à Hamilton, partie à Boston.

L'année 1861 a beaucoup modifié cette situation. Au mois

de juin, un habitant de Port-Huron, du nom de Shaw, se mit à creuser un puits auquel il consacra tout son avoir et qui atteignit la profondeur de 66 mètres sans lui donner le moindre résultat. Il était à bout de ressources et presque désespéré. L'aide de ses voisins, qui l'avaient soutenu jusqu'alors, commençait à lui manquer. Il allait être forcé d'interrompre ses travaux, d'y renoncer même, quand tout à coup, à une profondeur de 67 mètres, l'huile se mit à jaillir avec une abondance inouïe : elle n'a pas cessé de couler depuis lors. Le puits de M. Shaw est le premier à