Annales des Mines (1862, série 6, volume 2)
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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE
1861.
oblique provenant du mouvement plus rapide des parties les plus centrales ; les secondes, du passage du glacier sur une pente plus rapide ; les dernières, d'une pression par derrière, jointe à une résistance par devant, qui force la masse du glacier à se cliver dans une direction perpendiculaire à celle de la pression. 16. Les moulins sont formés par de profondes fissures interceptant les ruisseaux qui courent sur le glacier. L'eau en s'écoulant dans ces fissures agrandit son passage, dont la largeur atteint quelquefois i mètre, tandis que sa profondeur peut dépasser too mètres. L'affluence de l'eau dans les moulins est périodiquement interrompue par de nouvelles fissures où se reforment de nouveaux moulins.
PHÉNOMÈNES ACTUELS.
457 rieure ou extérieure, s'opère plus facilement qu'au centre d'une masse compacte. 25. Les bandes boueuses du glacier doivent être attribuées à des cascades de glace. Car lorsque le glacier rencontre un escarpement, il tombe et se brise dans une direction transversale; il présente alors des saillies qui sont séparées par des fissures ; mais ces fissures ne
tardent pas à devenir le réceptacle des poussières charriées par l'atmosphère et des petits débris répandus sur le glacier ; puis, lorsque les saillies ont disparu par suite de la fusion, la boue reste à la surface sur laquelle elle forme des traînées successives. La glace d'un grand nombre de glaciers présente une constitution laminaire, et lorsqu'elle a été exposée à l'action de l'air, elle
ie. Les moraines latérales sont formées par les débris que le
peut être clivée en lames minces. Dans la glace intérieure, cette
glacier transporte le long de ses bords ; les moraines médianes qui se trouvent sur un glacier proviennent de l'union des moraines latérales de deux glaciers tributaires ; les moraines terminales sont
disposition se manifeste par des veines bleues qui s'étendent dans la masse blanchâtre du glacier ; ces veines sont les portions de la glace desquelles les bulles d'air ont été plus complètement expulsées par
produites par les débris charriés par le glacier et déposés à son
la pression. C'est ce qui explique pourquoi elles sont en rapport avec la structure de la glace. On distingue les structures marginale, transversale et longitudinale, que l'on peut regarder comme
extrémité. Le nombre des moraines médianes d'un glacier est toujours égal au nombre des tributaires qui l'ont formé, diminué d'une unité. Quand la glace ordinaire recouvrant la surface d'un lac est
traversée par un rayon solaire intense, elle se liquéfie, de sorte qu'il se produit dans son intérieur des figures qui présentent la forme de fleurs ; chaque fleur est alors composée de six pétales ayant un espace vide au centre : ces fleurs se forment toujours parallèlement aux plans de congélation et elles résultent de la cristallisation de l'eau. Les rayons solaires engendrent aussi dans la glace des gla-
ciers d'innombrables disques liquides, avec des cavités qui sont vides. Jusqu'à présent, ces cavités vides ont été considérées à tort comme des bulles d'air, et leur forme aplatie ne résulte pas non plus d'une pression. Les disques liquides sont des indices de la, constitution intime
de la glace des glaciers; ils nous montrent qu'elle est composée d'un agrégat de fragments dont les surfaces de congélation ou de cristallisation sont disposées dans tous les plans possibles.
Il y a aussi dans les glaciers d'innombrables alvéoles qui contiennent de l'eau et de
- ces cavités se rencontrent également dans la glace des lacs. Dans ce dernier cas, elles sont dues
à la fusion de la glace au contact de la bulle d'air. On manque d'expériences faites à ce point de vue sur la glace des glaciers. La fusion de la glace sur une surface libre, qu'elle soit inté-
des effets inverses des crevasses marginales, transversales et longi-
tudinales. Ces dernières résultent d'une tension, tandis que les différentes classes de structures sont au contraire produites par la pression qui s'exerce de diverses manières. En premier lieu, la pression agit sur la glace comme sur les roches qui présentent le mode de division que l'on nomme clivage ; elle y détermine des joints de division qui sont perpendiculaires au sens dans lequel elle s'exerce. En second lieu, la pression produit une liquéfaction partielle de la glace : les parties liquides, ainsi engendrées, facilitent le dégagement de l'air hors du glacier; puis, quand la pression cesse d'agir, l'eau formée se regèle et concourt à la formation des veines bleues.
En résumé, l'étude des propriétés physiques de la glace qui a été faite dans ces dernières années montre que c'est une matière plastique, mais non visqueuse, puisqu'elle n'est aucunement susceptible de s'étirer ; cette étude permet d'ailleurs de rendre compte d'une manière satisfaisante des principaux phénomènes présentés par les glaciers.
Congélation de l'eau salée.
Des expériences faites par M. Pat-
dorff (i) ont montré que si une dissolution de sel marin ayant une densité de 1,028 est refroidie à
6°, il se congèle environ un
(1) Annales de chimie ed de physique, LXIIL 488. - Instit., 1861, 108.