Annales des Mines (1862, série 6, volume 2)
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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861.
L'état physique d'une substance influe beaucoup sur l'imbibitibh et c'est surtout bien visible pour le calcaire ; car elle est presque nulle pour le marbre et de quelques centièmes seulement pour le banc de roche; mais elle peut dépasser 20 P. 100 dans les lambourdes et elle est encore plus grande dans la craie dans laquelle elle peut dépasser 3o p. 100. Les argiles, les marnes, les roches qui sont formées de parcelles très-ténues et qui se laissent délayer absorbent toujours beaucoup d'eau d'imbibition. Les résultats sont cependant très -variables ; ainsi l'imbibition qui descend à Iii p. ic.0 dans le kaolin, s'élève à 79 dans l'argile plastique, à 92 dans la marne à détacher de Pantin, à 153 dans l'argile de Beigate, à 18o dans l'argile magnésienne
feuilletée. Dans l'écume de mer, qui est une argile magnésienne pure, l'imbibition est même double du poids primitif. Différentes roches telles que l'anhydrite, le gypse, le marbre, le schiste, la stéatite, le porphyre, le granite, étant pulvérisées et réduites autant que possible en grains de même grosseur n'absorbent pas la même quantité d'eau d'imbibition; par conséquent l'imbibition d'une roche est en relation avec sa composition minéralogique. En résumé, l'imbibition des différentes substances minérales dé-
pend non-seulement de leur état physique, mais encore de leur composition chimique ; elle dépend même de la nature des liquides absorbés. Faible lorsque les substances absorbantes sont compactes, elle augmente lorsqu'elles deviennent poreuses. Elle est surtout très-grande pour celles qui sont formées de parcelles microscopiques et susceptibles de se délayer, comme les argiles, les marnes, la craie, le tripoli. L'imbibition dépend aussi de la composition chimique des substances. Tandis qu'elle est très-petite pour l'anhydrite, le sable calcaire ou siliceux et pour la stéatite, elle s'élève beaucoup pour les roches qui contiennent de l'acide humique et des argiles, notamment des argiles magnésiennes. En un mot, l'imbibition est due surtout à la capillarité et aux propriétés physiques des substances, mais elle dépend aussi de leurs propriétés chimiques.
Eau de carrière. On appelle eau de carrière celle que les roches contiennent lors-
qu'elles sont dans l'intérieur de la terre. Dans une série d'expérience, M. De 1 esse a cherché à la déterminer pour diverses roches. Les échantillons étaient pris au-dessus des nappes souterraines et
ROCHES.
491 toujours à plus de quelques décimètres au-dessous du sol. On les pesait avant qu'ils eussent eu le temps de perdre leur eau hygrométrique, puis on les faisait dessécher et on les pesait de nouveau. Voici un tableau qui donne les principaux résultats obtenus : - Eau de carrière dans 100 parties de la roche sèche.
7,
8:
'Gypse du terrain parisien Calcaire grossier, banc de roche Craie de la basse masse exploitée à Meudon Calcaire grossier, banc de lambourde. Quartz hyalin de Semur Silex compacte de la craie Silex meulière. Sable quartzeux de l'étage de Fontainebleau. , Arène granitique grossière de Semur. Narne verte, très-argileuse, supérieure au gypse. Marne blanche, calcaire, du terrain de gypse de Bagneu4.. . . Marne blanche, calcaire, de l'étage do calcaire grossier.. . Argile diluviennede Villejuif employéecomme terreà briques. Argile plastique noire de Vaugirard Argile à meulières supérieures, de Meudon. Eurite noire de Chevigny Gneiss friable et décomposé de Fiée Granite à gros grains de Semur. Granite kaolinisé et devenu plastique
0,46 3,11 21,91 30,29
0,58 0,12 1,13
2,73 7,54 26,45 31,96 39,49 21,25 30,21 32,41
0,07 3,09 0,37 14,21
On voit que l'eau de carrière varie beaucoup avec les différentes
roches et qu'elle dépend essentiellement de leur nature. Tandis que certaines roches sont sèches, d'autres qui se trouvent cependant dans les mêmes conditions de gisement, sont au contraire très-humides.
Les roches qui ont le moins d'eau de carrière sont naturellement celles qui sont les plus compactes et en même temps les moins hygroscopiques, comme le quartz hyalin, l'eurite, le granite. Le gypse appartient aux roches qui sont remarquablement sèches
et l'eau peut s'y réduire à quelques millièmes. Lorsqu'il en a davantage, cela tient à ce qu'il est alors plus ou moins mélangé d'argile ou de marne. Quand il est dur et pierreux, le calcaire est également assez sec
car le calcaire grossier du banc de roche, qui est cependant trèscelluleux, n'a donné que 5 centièmes d'eau de carrière. Toutefois, quand le calcaire est poreux et désagrégé; quand il est amorphe, pulvérulent et formé de parcelles microscopiques, il peut en contenir plus de 20 centièmes; c'est notamment ce qui a lieu pour la craie et pour certains bancs de lambourde.