Annales des Mines (1862, série 6, volume 2)
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LOCOMOTIVE FUMIVORE.
qu'un système fumivore ait chance d'être favorablement accueilli par les compagnies, il faut qu'on puisse l'adapter sans enlever la boîte à feu, opération coûteuse et compromettante pour la durée de la boîte; il est également nécessaire qu'on puisse l'extraire facilement pour en faire la réparation. Voici maintenant comment M. Friedmann a satisfait aux diverses conditions du problème qu'il s'était proposé de résoudre Imaginons une cloche en tôle, à base elliptique on rectangulaire; coupons cette cloche verticalement suivant la plus petite dimension de sa base et appliquons l'une de ses deux moitiés contre la face
postérieure de la boîte à feu, celle où est pratiquée la porte de chargement. Si cette porte est tenue entrouverte, l'air extérieur appelé par le tirage de la cheminée (*) s'engouffrera dans la hotte ou demi-cloche, s'y échauffera sous l'influence du calorique qui rayonne de la grille, et s'échappera, sur tout le contour inférieur
de la hotte, en nappe horizontale rasant en tout sens la couche supérieure du combustible. La haute température que prendra l'air
en passant par la hotte exaltera nécessairement l'affinité de son oxygène pour les gaz hydrocarbonés dégagés par la houille, et c'est en ce point que le système Friedmann se distingue éminemment de tous les systèmes fumivores employés jusqu'à ce jour. Il sera d'ail-
leurs facile, en ouvrant plus ou moins la porte du foyer, de proportionner l'affluence de l'air comburant à l'abondance des gaz combustibles. Dans les stationnements, lorsque les cylindres n'émettent plus de vapeur dans la cheminée, on ouvrira le souffleur () dont toute bonne machine est aujourd'hui pourvue, ce qui maintiendra le tirage de la cheminée et par suite l'appel de l'air extérieur. Enfin, par exception, si le foyer renferme très-peu de combustible et qu'il y ait lieu de fermer la porte, ou si le foyer est, au contraire, très-fortement chargé et que l'ouverture de la porte ne soit pas suffisante, le mécanicien, en appuyant avec le pied sur un levier, fera tourner un clapet à charnière situé sous la plate-forme et démasquera ainsi une série de petits tubes qui, tra(*) On sait que, dans la marche, le tirage de la cheminée est uniquement dû au courant qu'y détermine la vapeur sortant des cylindres; après avoir agi comme moteur sur les pistons des cylindres, la vapeur, avant de se perdre dans l'air, fonctionne comme ventilateur aspirant pour appeler l'air dans le foyer. C") Le souffleur est un tube d'un petit diamètre qui, par un bout, s'adapte sur le dôme de la chaudière et débouche, par l'autre, dans la cheminée. Les machines du Nord sont, depuis plus d'un an, munies de ce petit appareil, qui rend les plus utiles services soit dans les stationnements pour remplacer l'échappement, soit dans les gares de départ pour précipiter la fin de l'allumage dès que la chaudière commence à entrer en pression.
SYSTÈME FRIEDMANN.
595 versant la boîte à feu, débouchent dans la partie inférieure de la hotte à 30 ou 4c, centimètres au-dessus de la
- dans le premier
cas, ces tubes remplacent la porte; dans le second, ils lui viennent en aide.
On n'a plus à craindre, dans le système Friedmann, que les parois de la boîte à feu et les tubes de la chaudière soient exposés au contact de l'air froid, puisque cet air s'échauffe toujours dans la hotte avant de les atteindre. Mais comme cette hotte fait, en revanche, obstacle, d'une part, à ce que le mécanicien juge de l'état du foyer tout entier, de l'autre, à ce qu'il tamponne les tubes qui crèvent en cours de marche, M. Friedmann pratique dans la boîte,
à droite et à gauche, deux petits ouvreaux ou regards qui permettent au mécanicien de constater l'état du feu et à travers lesquels on introduit les outils, les tampons, qu'on fait passer par la porte de chargement dans les foyers ordinaires. On pourrait même au besoin, si ces ouvreaux ne permettaient pas d'atteindre les tubes
les plus bas de la chaudière, ménager dans la hotte un clapet à charnière qui s'ouvrirait, en cas d'accident, pour livrer passage aux
outils. Les détails dans lesquels je viens d'entrer montrent que l'appareil
de M. Friedmann satisfait bien aux principales conditions qu'il s'était posées. Son foyer fumivore est, en effet, indépendant de la nature du charbon, et n'exige point du mécanicien plus'd'attention que le foyer ordinaire. La grille est horizontale et ne donne aucune crainte pour la bonne répartition du charbon. Les parois échauffées de la boîte à feu ne reçoivent jamais le contact de l'air froid. Enfin le prix de l'appareil (pose comprise) ne dépasse pas 65o francs; il s'adapte à toutes les boîtes à feu, sans qu'il soit nécessaire de les modifier ; il s'enlève, en cas de besoin, avec une extrême facilité. Il suffit en effet, pour l'appliquer, de visser dans la plaque de la boîte à feu quelques boulons, de percer dans la hotte des trous correspondants aux saillies de ces boulons, et de les maintenir sur ces saillies au moyen de petits écrous. Pour l'enlever, on dévisse les écrous, et la hotte s'extrait par le cadre de la grille débarrassée de ses barreaux. Une locomotive munie de la hotte Friedmann fonctionne en Belgique sur la ligne de Hainaut et Flandres (entre Mons et Gand). Le
président du conseil d'administration et le directeur de la com-
pagnie s'expriment ainsi dans un certificat du 3. juin /862 « Nous certifions qu'une machine locomotive à marchandises (n" 143), construite d'après le système de MM. d'Erlanger et Fried. 'formt
Il, i86,
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