Annales des Mines (1863, série 6, volume 3)
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DU GISEMENT ET DE L'EXPLOITATION
DE L'OR EN CALIFORNIE.
utiles les observations suivantes, que j'ai recueillies en parcourant naguère les placers californiens. J'y avais été en-
sous la seule influence de l'or de ses mines, il suffit de
voyé par, le gouvernement pour l'étude d'une question
qu'était alors cet État, aujourd'hui le plus civilisé de toute la côte occidentale du continent américain. C'était une province perdue aux frontières Nord de l'em-
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spéciale. Le temps qui m'avait été assigné pour remplir ma
mission était fort court, je l'ai vu s'abréger encore de toutes les lenteurs de ces lointains voyages, de sorte que mes excursions utiles ont été fort limitées.
Ce n'est donc pas une étude complète du gisement des métaux précieux en Californie que j'entreprends de publier,
mais seulement un relevé de notes de voyages, que j'ai cherché à classer et à éclaircir. Dans ce premier travail, je ne m'occuperai que des gisements et de l'exploitation de l'or. Les circonstances de la découverte de l'or en Californie ont été bien souvent relatées. C'était en 1848, la Californie venait d'échapper au Mexique, et de passer aux mains des Américains du Nord. Un ancien officier de la garde royale de France, M. le capitaine Sutter, propriétaire de l'une des plus grandes fermes du pays, bâtissait un moulin, non loin du confluent de la rivière américaine et du Sacramento;
une tranchée avait été ouverte aux eaux motrices, ces eaux venaient d'y être détournées, lorsqu'on vit s'assembler sous le courant des paillettes jaunes et lourdes qu'on n'eut pas de peine à reconnaître : c'était de l'or. L'exploitation immédiatement commencée donna aussitôt de merveilleux résultats ; la nouvelle s'en répandit rapidement, elle eut bien vite retenti aux quatre coins du monde,
et ses conséquences ne tardèrent pas à se produire. Au dehors, l'or se répandit avec une abondance jusqu'alors inconnue, produisant par cette abondance même du bien et du mal; au dedans, il attira avec une grande puissance des marchandises et des travailleurs, enrichit et peupla ce pays, et le porta en peu d'années à un degré de civilisation élevé d'où il ne saurait aujourd'hui descendre. Pour apprécier toute l'étendue du progrès de la Californie
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revenir de vingt ans en arrière, et de se demander ce
pire mexicain, presque abandonnée par son souverain nominal, et tombée aux mains des moines de Saint-Dominique.
Arrivés en Californie vers le milieu du xvine siècle, et longtemps soutenus par la couronne d'Espagne, ces Pères dominicains avaient lentement fondé une vingtaine de missions, petits villages où vivaient quelques peuplades indiennes que les Pères initiaient péniblement aux premières notions du christianisme, et soumettaient plus difficilement encore aux exigences de la vie en commun. Quelques colons
mexicains groupés autour de ces missions, une dizaine de présidios, habitations retranchées, disséminées dans tout le pays et occupées par quelques soldats venus du Mexique, formaient toute la population de la contrée, qui vers 1835 comptait à peine 4.000 habitants de race blanche et 20 à 25.000 Indiens plus ou moins civilisés. Les missionnaires s'étaient peu avancés dans l'intérieur des terres. C'était sur les bords mêmes de la mer à SanDiego, à Santa-Barbara, à Monterey, à San-Francisco, ou
dans quelques belles vallées des montagnes de la côte qu'ils avaient bâti leurs églises ; l'intérieur du pays était désert, les beaux fleuves qui l'arrosent avaient à peine un nom, et de ces montagnes qui recélaient tant d'or, les bons Pères ne connaissaient que les hautes neiges qui vers l'est couronnaient l'horizon.
Cette terre de la hante Californie (*) n'était donc qu'un désert où quelques milliers d'habitants vivaient chétivement (*) History of [Typer and Lower California; by M. Forbas. London, 1859.