Annales des Mines (1863, série 6, volume 4)
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CATASTROPHE DES MINES DE LAUE (GARD).
qui s'étaient rendus sur les lieux pour veiller à la sûreté des travaux , virent presque aussitôt sortir par la galerie de la lampisterie des mineurs épouvantés. L'ingénieur Courroux descendit par le puits Saint-Henry, il rencontra quelques hommes qui remontaient en courant,
et reconnut avec douleur que l'eau avait déjà dépassé le niveau supérieur (Celui de 5o mètres). Il regagna le jour talonné par les eaux. Le maître mineur Martin avait de son côté visité le puits Terrèt, et avait trouvé la galerie inférieure déjà recouverte. Aucun secours immédiat n'était plus possible, le malheur était consommé. 159 lampes avaient été distribuées le matin ; 29 avaient été rapportées par les hommes échappés; 110 lampes manquaient et représentaient très-probablement le nombre des
victimes, parmi lesquelles se trouvaient quatre chefs de poste. Dans les rapides instants qui précédèrent l'inondation des
travaux, un acte honorable de dévouement venait de s'accomplir. Antoine Aubert°, boiseur aux mines de Lalle, sortit par le puits Saint-Henry dès qu'il entendit arriver les eaux, après avoir toutefois prévenu son camarade Jacques Arnaud, chef de poste, placé 5 mètres plus bas. Il courut au puits Terrèt, fit accrocher une benne à la fourche, et descendit à la recette que l'eau commençait à envahir. Il appela ; cinq ou-
vriers se présentèrent, quatre furent reçus dans la benne; le cinquième était rentré dans la galerie et ne reparut pas.
Arrivé au haut du puits, et les quatre hommes sauvés, Aubert° se fit redescendre ; il aperçut un jeune manuvre cramponné au bois de la galerie, l'attira dans la benne et donna le signal du retour, au moment même où l'eau atteignait la couronne de la recette. D'un autre côté, un triste incident se passait à l'endroit
TRAVAUX DE SAUVETAGE.
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même où le gouffre s'était ouvert, et par lequel les eaux se ruaient dans la mine.
A la suite de l'effondrement, une galerie horizontale, menée dans la couche du Tri-de-Chaux, à quelques mètres
de profondeur, et devant rejoindre le puits projeté pour l'introduction des remblais, avait été mise à nu par l'éboulement du toit et le ravinement des' eaux ; quelques personnes aperçurent des maisons de Lalle briller des lampes dans cette galerie, et vinrent aussitôt jeter des cordes, mais un nouvel éboulement livra subitement passage aux eaux et rendit tout secours impossible ; l'une des victimes fut retrouvée le lendemain noyée dans la galerie; elle s'était attachée à un bois, ses compagnons avaient été entraînés
et précipités dans les niveaux inférieurs. Que de tristes épisodes ont dû se passer ainsi dans les profondeurs de la mine, sous le seul regard de Dieu, avant que la mort ait frappé son dernier coup. Les eaux ont envahi la mine en moins d'une demi-heure. D'après le chiffre total de l'extraction depuis la reprise des travaux par la compagnie actuelle, nous évaluâmes d'abord
mètres cubes environ le total des vides, et par conséquent le total de l'eau à épuiser. Cette évaluation à 200,000
n'était que grossièrement approximative, car il était impossible de prévoir comment s'étaient produits les éboulements dans les parties dépilées, et il était probable aussi que l'eau n'avait pas pu remplir les remontées sans issue. Le registre d'épuisement qui a été tenu avec exactitude, montra plus tard que cette évaluation ne s'écartait pas trop de la vérité.
L'air et les gaz, violemment refoulés par les eaux dans les parties supérieures de la mine , ont été expulsés en grande partie par les orifices des puits et des galeries. Ils ont été aussi emprisonnés et comprimés dans les remontées sans issue. Dans les endroits où la charge s'est trouvée trop faible, c'est-à-dire au-dessous des affleurements et des vieux