Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1863, série 6, volume 4)

ÉTUDES SUR L'ACIER.

ÉTUDES SUR L'ACIER.

Nouvelles données sur la nature des gaz fournies par l'étude des moyens employés pour éviter leurs actions nuisibles.

A ce premier aperçu, je vais joindre les renseignements fournis par l'étude des moyens employés dans la pratique pour faire disparaître les actions produites par les gaz lorsqu'elles sont exposées à donner des difficultés à l'étirage. Les nouveaux faits conduiront à préciser davantage la nature des gaz dissous et permettront d'apprécier la valeur des indications qui précèdent. Ces moyens employés sont de deux sortes : les uns presque mécaniques, comme la manière de couler et le bouchage

tel que je l'ai fait connaître; les autres sont d'ordre chimique et se traduisent toujours par intervention de substances donnant du carbone et produisant des réactions dans lesquelles la force reste à la production d'oxyde de carbone et quelquefois de carbone en excès. L'action nuisible des gaz semble diminuer légèrement sans

que pour cela la quantité dégagée se montre sensiblement moins importante lorsqu'on coule l'acier plus lentement, c'est-à-dire lorsqu'on réduit la quantité de gaz atmosphé-

riques entraînée dans la masse par l'action de la veine liquide, ou que l'on facilite le dégagement du gaz entraîné en lui laissant le temps de s'échapper pendant la coulée, sans provoquer une sorte de brassage du gaz et du métal. Le bouchage au premier abord, tel qu'il est employé avec succès dans le cas où l'on coule de véritables aciers, agit mécaniquement par le poids du bouchon qui oblige les gaz soit à rester dans la masse, soit à s'échapper sans pouvoir laisser à l'état de cavernes les vides qu'ils tendent à former en se dégageant. Il a aussi pour effet d'éviter la rentrée de l'air atmosphérique. L'emploi du sable siliceux dont on remplit l'intervalle du bouchon et de la lingotière empêche la communication avec l'air extérieur, parce que le sable

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agit par son imperméabilité, ou dans certains cas aussi en formant à la surface une petite couche de vernis. Les conditions dans lesquelles le bouchage est utile et celles dans lesquelles il devient insuffisant font voir comment la composition des gaz influe sur la nature des effets produits.

Lorsqu'il s'agit d'acier, les mauvais effets de la présence des gaz disparaissent sans réaction chimique par le simple fait du bouchage ; les gaz qui existent dans l'acier étirable n'ont donc pas par leur nature même, c'est-à-dire par leur composition chimique, une propriété. nuisible, leur masse seule dans les conditions où on lui laisse produire des soufflures trop considérables devient dangereuse; cela conduit à penser que l'acier contient des gaz saturés de carbone comme l'oxyde de carbone qui, par lui-même, n'a pas d'action fâcheuse et qui, de plus, par son expansion s'oppose à la rentrée de l'oxygène.

Lorsqu'on coule du fer fondu sans addition de matière pouvant donner du carbone, le bouchage ne suffit plus pour rendre l'étirage possible sans criques ; c'est que les gaz que

le fer liquide contient en dissolution et qui proviennent du foyer, sinon des élaborations antérieures, sont nuisibles par leur nature même. Ces gaz, en effet, ne sont plus forcément saturés de carbone ; ils peuvent être de l'acide carbonique et de l'oxygène, tous deux susceptibles de brûler par une action oxydante les parois internes des cavités. En sorte que le fer étirable avant la fusion perd en partie cette propriété par le seul fait de l'action des gaz oxydants surtout dans les géodes, qui deviennent des criques à l'étirage.

Enfin, pour le fer brûlé Bessemer, le bouchage est tout à

fait incapable de rendre la masse étirable, parce que le produit dont il s'agit est en ce moment de l'opération en voie d'oxydation franche et contient de l'acide carbonique et de l'oxygène en excès, qui non-seulement rendent les géodes