Annales des Mines (1864, série 6, volume 5)
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RAPPORT AU MINISTRE SUR LA LOCOMOTIVE A
4 CYLINDRES
20 Système à roues motrices horizontales pinçant un rail central saillant. Il ne semble pas non plus qu'il y ait rien à attendre du système proPosé, il y a plus de vingt ans, par
M. le baron Séguier dans un but tout spécial :
celui
d'empêcher les déraillements par la tête, et tout récemment tiré de l'oubli en France à titre de complément possible du système à patins glissants de M. Girard. Ce mécanisme est aussi, en ce moment même et sous un autre nom, l'objet d'une expérience en grand installée prèS de Manchester par M. Brassey. Ce qu'obtient M. Brassey, d'après
M. Séguier, sur une courte rampe de o,o5o (*), avec sa machine à roues motrices horizontales pinçant un rail central, les Américains l'ont obtenu, avec des machines ordinaires, sur des rampes de o,o52 et o ,o56 (montagnes Bleues). Ils ont même fait fonctionner des locomotives sur une rampe de 0, 10 dans des conditions d'adhérence favorables il., est
vrai, sans être cependant exceptionnelles (--1 ; mais les in-
génieurs américains voyaient là un expédient temporaire applicable à un tracé provisoire, et nullement mie solution effort de traction considérable, c'est-à-dire être puissantes et lourdes,
elles exigeront des voies solidement constituées, et des voies capables de supporter de telles machines seront parfaitement en état de recevoir les wagons des grandes lignes.
(1 D'après M. Séguier ( Compte rendu de l'Académie dés sciences, séance du ii janvier 1865), « Une machine construite
il
dans les conditions de plus grande légèreté , et du poids de 15 tonneaux, gravit la rampe de 0,05 traînant une masse de 5o tonnes. » C'est ce que ferait une machine ordinaire du même poids, avec une adhérence de 1/6. Et elle ferait plus avec ce coefficient, et autant avec un coefficient moindre, en renonçant à la construire « dans les conditions de plus grande légèreté, » la lestant au contraire, au besoin, et renonçant du même coup à toutes ces complications du moteur et de la voie. La machine, au surplus, n'est pas si légère -qu'on veut bien le dire, relativement à sa surface de chauffe, quoiqu'on n'ait certainement rien négligé pour cela; mais comment obtenir une machine légère en la chargeant d'une telle masse d'organes nouveaux?
ET A 12 ROUES COUPLÉES DU CHEMIN DE FER DU NORD.
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définitive, vraiment pratique (*). Sur de telles rampes et même sur des rampes bien moindres, soit que l'adhérence suffise, soit qu'on lui substitue, comme le font MM. Séguier et Brassey, une sorte de touage, on arrive inévitablement à cette conséquence, que le rapport du poids du moteur au poids remorqué atteint des proportions vraiment intolé-
rables. Je ne connais pas les détails de l'expérience de Manchester; mais voici l'épreuve comparative à laquelle je voudrais la voir soumettre avant tout : puisque la machine trop légère, dit-on, n'a pas assez d'adhérence pour transmettre l'effort de traction qu'elle exerce à une vitesse de o kilomètres environ ( ce qui n'a rien que de très-admissible en général à une vitesse aussi réduite et aussi insuffisante pour un service important), qu'on leste une machine ordinaire du même type jusqu'à ce qu'elle ait l'adhérence nécessaire, en utilisant au besoin, bien entendu, les boîtes
à sable; je suis très-porté à croire que sa charge utile atteindra alors, et même dépassera, malgré la lenteur exagérée, je le répète, qui accroît d'autant l'effort de traction, la charge que remorque la machine modifiée avec un attirail qui aggrave évidemment et son poids et sa résistance propre.
Compte-t-on pour rien, d'ailleurs, l'aggravation des dépenses d'établissement et d'entretien de la voie avec rail central?
Ce qui fait la simplicité, on pourrait dire la beauté de la locomotive, c'est la transmission de l'effort de traction par l'intermédiaire de l'adhérence ; supposons un instant qu'on ait par malheur ignoré jusqu'à présent ce moyen si simple, qu'on ait appliqué les roues motrices horizontales proposées maintenant; qu'un inventeur vienne à découvrir que ces roues, la transmission qu'elles exigent, le rail central, que tout cela est inutile, que l'adhérence des roues portantes suffit, tant que la vitesse elle-même est suffisante; quel pro() Voir Annales des mines, tome IV, page 84, 1805.