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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE DE CONCENTRATION

sorte que le personnel de l'atelier s'est trouvé alors double de ce qu'il est pour le travail courant. La chaudière, projetée en l'air, brisa le plancher qui recouvrait le local et retomba dans l'atelier, couvrant les ouvriers, au nombre de trente, de débris et d'une masse de 4o hectolitres de jus bouillant; en même temps que la vapeur de six générateurs, de 5o à 70 chevaux chacun, était vomie dans le local par un tuyau de 7 centimètres de diamètre, sous une pression de cinq atmosphères. Sur 5o personnes atteintes, 22 succombèrent immédiatement ou après quelques heures de souffrance ; 8 seulement survécurent et sont maintenant hors de danger. Le désastre eût été plus grand encore sans la présence .

d'esprit et le courage d'un jeune homme qui courut aux générateurs et ferma les prises de vapeur, de manière à permettre de pénétrer dans le local plus tôt qu'on n'eût pu le faire sans cela. M. l'ingénieur ordinaire de Marsilly, , informé, le 4 oc-

tobre, par la gendarmerie de Saint-Quentin, se rendit immédiatement sur les lieux et y passa les journées du 5 et du 6, afin de faire une enquête complète, avec le concours du juge de paix du canton. Son rapport, très-développé et accompagné des dessins nécessaires, décrit l'appareil et rend parfaitement compte des circonstances dans lesquelles il a fait explosion. Cet appareil, faisant partie d'un système dit à double effet pour la concentration des jus, consiste (Pl. XI, fig. I, 2, 3)

en un cylindre en tôle de 2m,4o de diamètre, terminé en dessus par une calotte hémisphérique, et, à sa base, par une

cuve en fonte, de même diamètre, à fond plat, ayant un rebord de om,5o de hauteur. Sur le fond de cette cuve repose un serpentin (fig. 2) OÙ circule la vapeur venant directement des chaudières et à une pression allant jusqu'à 1/2 ou 5 atmosphères. La concentration du jus produit de la vapeur, qui se rend

A SÉRAUCOURT (AISNE).

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à son tour dans le serpentin d'une seconde chaudière où s'achève la concentration du sirop venant de la première. Sur le trajet de la première chaudière au deuxième serpentin, se trouve un robinet ou soupape dont on règle l'ou-

verture à volonté, sans pouvoir cependant interrompre complètement la communication. En général

,

ce robinet

doit être ouvert en grand, lorsque les deux chaudières fonctionnent ensemble ; autrement on est exposé à produire, dans l'intérieur de la première, une pression qui peut théo-

riquement, à la limite et en supposant l'orifice plus ou moins obstrué, aller jusqu'à la pression des générateurs eux-mêmes.

Il paraît que c'est précisément la circonstance qui s'est réalisée le jour de l'accident. L'ouvrier préposé à la surveillance de la première chaudière a admis la vapeur dans le premier serpentin, sans avoir soin d'ouvrir ou de faire ouvrir suffisamment la communication de la première chau-

dière au deuxième serpentin. Au bout d'une heure, sous l'effort d'une pression graduellement croissante, la cuvette en fonte s'est brisée en se détachant nettement de son fond ; le cylindre a été projeté et a produit les effets désastreux indiqués ci-dessus. Après avoir traité la question de fait, M. l'ingénieur ordinaire examine la question de la responsabilité qui incombe au chef de l'établissement. Il pense, et M. l'ingénieur en chef avec lui, que M. Théry avait rempli les devoirs que la prudence et sa position lui imposaient, et que le véritable

auteur du désastre est l'ouvrier imprudent préposé à la conduite de la première chaudière. Il ajoute que cette chaudière ayant été éprouvée pour une pression de 2 atm. 1/2, il eût pu être utile d'y placer une soupape de sûreté et un manomètre ; mais il ne regarde pas l'absence de ces deux appareils comme constituant une contravention. M. l'ingénieur en chef de Henne,zel est d'avis également, comme il vient d'être dit, que le propriétaire est à l'abri de